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Il y a sûrement parmi nous des gens, forcément honorables, qui ont un jour bénéficié d'un coup de piston, d'un favoritisme ou d'une affaire arrangée, et pas seulement grâce à des politiques. C'est aussi assez répandu dans pas mal de domaines comme celui de l'emploi. En général, ces "bienheureuses" personnes prennent ce qu'on leur donne ou ce qu'elles ont demandé et on ne les entend plus. D'autres se laissent parfois aller à des confidences et c'est là que les choses peuvent se gâter. Surtout si la personne qui a accordé des facilités est connue.
Et voilà que cela commence à circuler pour un jour faire la une. Le processus est quasiment le même lorsqu'on finit par savoir qu'une personne influente s'est "servie" ou a fait jouer ses relations pour elle-même.
Les campagnes électorales sont souvent des moments où ce qui était su ou s'était endormi revient à la surface et subit un effet grossissant que la concurrence ne rechigne pas à propager. Communiqués, justifications, mises au point sont le lot commun pour qui se sent attaqué dans son honneur, le mot le plus employé censé représenter à lui seul un argument définitif et non opposable de défense.
Cette campagne électorale a vu remonter de l'obscurité quelques torches lancées comme des torpilles. Il y a eu d'abord l'annulation de l'élection jugée de manière bouffonne par Maryse Joissains comme une atteinte à son honneur et à celui de la ville. Si aucun tract n'a revêtu cette fois-ci le degré extrême et inacceptable de l'an dernier, les "révélations" n'ont pas fait défaut. Certaines couraient déjà les rues, d'autres n'ont pas tardé à les rejoindre.
Au fait, t'habites où toi ?
Le logement ayant été un des thèmes les plus commentés, il était assuré que nous allions récolter quelques éclats. Il y a donc des élus qui vivent en HLM et dont on laisse entendre qu'ils auraient bénéficié de coups de pouce pour faire avancer leurs dossiers. On désigne une adjointe au maire, assez donneuse de leçon, qui a obtenu une mutation de logement ainsi qu'un de ses enfants qui a lui aussi touvé où se loger. On lance le nom du chauffeur du maire pour le même type d'avantage et la femme de ménage d'un élu d'opposition, candidat à la mairie et ancien président de l'office.
On ne met pas sur la place publique, mais c'est tout comme, qu'une autre élue de l'opposition, candidate elle aussi à la mairie, a changé de HLM, d'abord une villa, puis un appartement et de nouveau une villa, sur une période de cinq ans quand certaines premières demandes traînent toujours dans les placards depuis plus de dix ans.
Tous vont prétendre que tout a été fait normalement, et qu'il y a de quoi se cogner la tête contre les murs d'une cage d'escalier en entendant le contraire mais pas de quoi sonner à la porte du logement pour vérifier l'information.
On dit pis que pendre d'une adjointe au maire qui, commerçante en centre ville, ne s'était pas embarrassée de sa casquette d'élue pour louer un des chalets sur le cours Mirabeau. Il ne faut bien sûr pas oublier qu'il y a à peine deux ans, un adjoint au maire avait tenté de favoriser la vente d'un logement par la Semepa pour sa compagne et un autre pour son grand copain footballeur.
Turpitudes
Il y a un élu d'opposition qui, ayant réussi à se faire élire vice-président de Maryse Joissains à la CPA, a aussi eu la chance de faire recruter sa fille dans le personnel municipal. Il y a aussi deux élus, l'un de l'opposition de l'an dernier et l'autre passée de l'ancienne opposition en mars dernier à la majorité, qui ont longtemps émargé comme personnes qualifiées, dans une structure de concertation et de consultation départementale qui sert à recycler quelques bonnes âmes recrutées par la grâce d'amis bien placés et leur permettant d'arrondir leurs fins de mois. Bref, c'est ce que l'on connaît.
Cela me rappelle une belle phrase, presque un dicton, que j'avais entendue lorsque j'étais tout petit et que je vivais à Marseille à côté du Jarret qui n'était encore qu'un sale ruisseau à ciel ouvert. "Oh, regarde il y a un gros rat !" "Tu sais, m'avait dit mon grand frère que j'admirais tant pour sa science, quand on en voit un, c'est qu'il y en a au moins dix cachés pas loin." Pas la peine de décrypter le message.
Qu'y a-t-il d'autre dans les turpitudes de cette campagne ? Un ex-adjoint, auteur du recours et candidat à la mairie, s'est enquis de mener des combats au nom de la morale contre le maire invalidé. Hier, j'ai publié des faits fâcheux pour lui qui engagent sa responsabilité et écornent ses prétentions à l'éthique.
Alors, en fin de compte, il n'y aurait pas une seule liste où l'on sente un total air pur et frais ? Pas même celle qui veut laver plus vert que les autres ? Peut-être. Dans celle-là, si à première vue l'on ne peut y détecter quelque personnage ayant fauté, on peut y percevoir des colistiers dont on peut se demander pourquoi ils ont atterri là.
Certes, la mode est au grand recyclage, mais de là à récupérer un ancien adjoint de Maryse Joissains, qui a été infoutu de fournir le moindre bilan du conseil de quartier qu'il avait mis en place à titre expérimental et qui faisait rire tout le conseil municipal lors de ses envolées grandiloquentes où il forçait la dose de cirage pour "remercier" le maire et dire d'elle que sa baguette de fée avait tout transformé alors que l'opposition n'avait rien fait depuis au moins un siècle, il y a un pas de géant vert que les écologistes ont franchi sans être trop regardants.
Ils ne l'ont pas été non plus en recueillant un autre candidat, tout aussi infatué, qu'on a connu dans le monde associatif, tournant comme toupie à chaque élection pour s'inscruster là où l'instant le lui recommande. Bref, l'opportuniste dans toute sa splendeur qui a fini par s'immiscer par le trou d'un grillage pour prendre racine dans le jardin où de gentils innocents n'ont qu'amour pour la nature.
Un fait dit vert
Comme il faut une chute, il aurait été difficile de passer sous silence le personnage généreux et désintéressé qui nous veut tant de bien, qu'on a beaucoup entendu, vu et revu venir nous évangéliser pour nous aider à combattre tous, oui tous les maux de la vie moderne. Il est apparu avec la fulgurance d'un éclair d'été et s'est imposé comme un expert muni de l'indispensable diagnostic de la catastrophe dont nous ignorons qu'elle va nous anéantir et sa boîte à pharmacie bourrée des miraculeux remèdes qu'il nous faut.
L'annnulation de l'élection ayant été prononcée, il n'a pas fallu beaucoup de temps pour percevoir et apprendre que son omniprésence pour le long terme avait peut-être trouvé un débouché immédiat. Il voulait ni plus ni moins être désigné, comme ça, parce qu'il le vaut bien, comme numéro un pensant et sans conditions de la liste écologique. C'est ça ou rien, a-t-il même fait l'intrépide audacieux. L'oukase, quoi.
Là, les écologistes ont vu venir l'arnaque. Refus net. Selon eux, on ne peut pas aller servir la soupe aux herbes à des élus de droite et prétendre en même temps venir bouffer tout le potager de la gauche. Et voilà que, torché et vert de rage mais cachant son revers sous le masque de l'indépendance politique pour présever sans doute ses chances pour d'autres ambitions et d'autres reconnaissances de son talent, le protecteur de nos santés s'est génétiquement modifié pour muer en un bienfaiteur Hulot aixois préconisant ses conseils devant les vrais candidats.
Bon, alors, signez mon pacte, et aidez-moi à sortir du ridicule. Ils l'ont tous signé ! Après tout, hein, cela n'engage pas à grand-chose, surtout à pas grand-chose.
Concluons. Il ne manquerait plus qu'on nous apprenne qu'une liste a été financée en sous main par un concurrent cherchant à s'assurer de provoquer les conditions d'une triangulaire favorable. Après tout, qui sait ? Mais là, soyons prudent, ce n'est peut-être que pure fiction…
Ce dimanche, il va donc falloir faire un choix en espérant trouver dans le lot assez de gens honorables. Allez, bon vote quand même !