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le Blog de Lucien-Alex@ndre CASTRONOVO
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  • Prof d'anglais retraité Sous-officier Armée de l'Air Président assos culture, éducation, social 1978-1989 Correspondant presse locale 1989-1995 Conseiller municipal liste Yves Kleniec 1983-1989 Adjoint liste Jean-François Picheral 1995-2001 Parti radical de gauche 1998-2008 Conseiller municipal liste Michel Pezet 2001-2009 Conseiller municipal liste Edouard Baldo 2014-2020 lucalexcas@aol.com
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21 juillet 2009

Lettre ouverte aux socialistes par Edwy Plenel

logo_mediapartLe 9 juin dernier, Edwy Plenel, qui anime le site Mediapart, publiait une longue lettre ouverte aux socialistes. En voici quelques extraits qui me paraissent dire quelques vérités et pouvoir avoir à bien des égards des points communs avec les mœurs locales. A lire de toute urgence.

Peut-être est-il trop tard, et cette lettre inutile. Je vous ai écoutés depuis dimanche soir : les mêmes mots désolés, les mêmes phrases d'attrition, le même lamento qu'aux soirs de vos échecs de 2002 et de 2007, ces élections présidentielles supposées imperdables. Mots vides, phrases creuses, refrains artificiels auxquels, depuis le temps, nous ne pouvons plus croire. Car sans doute les retrouverait-on, identiques, aux soirs de vos cinglants revers législatifs de 1986 et de 1993. C'est une vieille manie : les soirées de défaites électorales, vous vous souvenez soudain de vos électeurs. Quand vous les perdez…

Puis vous revenez à vos affaires, sans rien changer de vos habitudes, manoeuvres d'appareil, divisions intestines, rivalités personnelles. Avec la conviction tranquille qu'un retour de balancier vous assurera, de nouveau, places, postes, réseaux. Comme si vous étiez définitivement la seule alternance possible à la droite et naturellement les propriétaires des suffrages qui vont avec. Comme si vous n'aviez pas à les reconquérir. Comme s'ils vous revenaient de droit, telles des brebis égarées trouvant forcément le chemin du bercail. Procès d'intention, direz-vous. Non, simple constat logique : si vous pensiez vraiment le contraire, vous auriez agi autrement depuis 2007, voire depuis 2002. Vous vous seriez ressaisis, vous n'auriez pas privilégié vos détestations plutôt que vos solidarités, vous ne vous seriez pas écharpés comme des chiffonniers, vous n'auriez pas truqué vos propres votes de congrès, vous n'auriez pas offert ce spectacle lamentable à Reims, vous ne vous seriez pas repliés sur vous-mêmes en ces temps d'urgence sociale et démocratique, bref vous auriez pensé à parler à celles et ceux sans lesquels vous n'êtes politiquement rien, plus rien : vos concitoyens, vos électeurs.

Quel droit ai-je à vous apostropher ainsi ? Justement, celui d'être, comme des millions d'autres Français, l'un de vos électeurs, fidèle et constant. J'ai beau parfois la juger avec sévérité, puisque confronté dans mon travail de journaliste à ses incohérences ou à ses impostures, la gauche reste ma famille, de coeur et d'esprit.

La gauche ? Sans l'idéaliser, je veux dire par là cette conviction élémentaire que, derrière tout désordre, il y a une injustice, quand conservateurs et réactionnaires choisiront l'injustice plutôt que le désordre. Or, depuis votre congrès d'Epinay en 1971, depuis la dynamique unitaire qui a suivi, depuis qu'ainsi, vous avez définitivement ravi au Parti communiste la première place, vouloir que la gauche gouverne le pays oblige à voter pour vous, par-delà la diversité des gauches françaises.

Cette responsabilité que vous revendiquez auprès de nous, nous donne donc quelques droits sur vous, et d'abord celui de vous parler franchement. Pour vous dire que les partis sont mortels, qu'aucune étiquette n'est éternelle et que les idéaux n'ont pas d'écurie assignée. […]

Car le résultat électoral du 7 juin 2009 n'est pas un accident, mais une confirmation : celle de votre incapacité collective à vous réinventer un avenir, un projet, une vision. Contrairement aux commentaires convenus, ce n'est pas l'opposition déterminée à Nicolas Sarkozy qui a été sanctionnée dans les urnes, mais votre impuissance à incarner une opposition crédible. Abstentionnistes massifs - dont, pour l'essentiel, la jeunesse et les classes populaires, et électeurs écologistes, dont, notamment, le socle urbain et diplômé de votre électorat, ont sanctionné, par leur absence ou par leur vote, vos divisions, vos faiblesses et vos silences. L'affirmer, ce n'est aucunement diminuer le mérite des listes Europe Ecologie qui ont suscité l'adhésion par contraste avec vos manques. L'unité des différences, l'originalité du projet, le souci du monde et le souffle de démocratie étaient en effet de leur côté, pas du vôtre. […]

Pendant que les écologistes travaillaient, vous vous disputiez. Non pas sur les idées, tant les divergences sont au fond minimes entre vous, mais sur les personnes. […] La sanction électorale dont vous faites l'objet vient de loin. Elle frappe de longues fainéantises et d'anciens renoncements. […]

Alors, que faire ? La réponse vous appartient, et je n'ai aucune recette en magasin. Je pressens seulement que si vous continuez comme avant, sans sursaut ni vision, vous serez perdus. Jusqu'ici, vous viviez dans le confort de vos fiefs municipaux, départementaux et régionaux. Après tout, vous pouviez digérer l'échec national si vous restiez maîtres des territoires. A un an des élections régionales, l'alarme de ces élections européennes annonce la fin de cette illusion.

Les Verts, que n'obnubile pas la présidentielle, pensent déjà aux régionales, avec la cohérence, le dynamisme et le systématisme qu'ils viennent de prouver. Et ils n'ont aucune raison de se dissoudre dans un front opportun dont vous auriez soudain le souci, après avoir joué en solitaires. Pas plus sans doute que les gauches de la gauche qui préféreront se rapprocher avant de se tourner vers vous. Hier, vous avez dominé et instrumenté la gauche plurielle, plutôt que vous ne l'avez animée et fédérée. Aujourd'hui, vous ne pouvez penser la réanimer artificiellement sur la base de votre propre faiblesse. […]

Ma sévérité est à la mesure de mon attente. Je ne crois pas à la politique du pire. Les crises ne sont pas forcément salvatrices. Elles peuvent accoucher aussi bien de régressions terribles, avec l'installation durable de pouvoirs orwelliens mâtinés de télé-réalité, répétant sans cesse à des peuples anesthésiés et désinformés : ayez peur, ayez bien peur, ayez surtout peur, et laissez-moi m'occuper tout seul du reste. De tout le reste. Et, par-dessus tout, de l'argent et de la puissance, ces deux adversaires éternels de l'espérance progressiste. C'est ce cauchemar qu'il nous faut faire fuir, tous ensemble.

Merci de m'avoir lu jusqu'à la fin.

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Commentaires
L
quel dommage....tant d'intelligence au service de tant d'illusions...mais il faut aussi du raisonnable pour éviter le pire,alors je vous applaudis pour votre raisonnable mais ne perdez pas la raison..
Répondre
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