Election municipale : Une fille ou un gars ?
Plus qu'un simple tour d'horloge au vieux beffroi de l'Hôtel de Ville et c'en sera fait. Alors, versons dans le léger, du moins en apparence. Et jouons à l'absurde. Listes électorales trafiquées ou non, bonne nouvelle, dimanche soir, l'élection sera jouée. Mauvaise nouvelle, l'un des deux candidats sera maire. J'en entends déjà certains protester. J'ai prévenu, j'ai dit léger et absurde.
Les deux listes restantes ont presque le même intitulé : pour l'une, "Tous ensemble pour Aix", pour l'autre, "Ensemble pour Aix et le pays d'Aix". Et si le second slogan était plus judicieux ? Comment savoir ?
Etonnant également, mais personne n'a relevé cette malice, le garçon est né un 10 mai d'heureuse mémoire, la fille un 15 août de légende calendaire. Le 19 juillet, celui ou celle qui aura défait l'autre canonisera cette date, même et surtout si l'exploit est accompli à un infime écart de voix.
Dès la proclamation, de poignantes envolées définitives viendront, pour l'un, flatter "la volonté des Aixois de tourner la page d'un système pour ouvrir celle d'une nouvelle espérance grâce au large rassemblement qu'attendaient nos concitoyens" ou regretter que "nous avons perdu mais nous avons fait le maximum et dans l'opposition nous assumerons nos responsabilités pour combattre la politique néfaste que subissent les Aixois depuis huit ans…" et, pour l'autre, asséner que "les Aixois ont tranché en me rendant justice par les urnes pour laver un honneur bafoué" ou fustiger "le vol d'une victoire sur décision rendue par des magistrats politisés, et qui ne perdent rien pour attendre, en ayant confié la gestion de la ville à une association d'opportunistes qui m'ont insultée et qui vont ruiner la ville".
Quel que soit le camp raflant la mise, prière donc de ne pas négliger les habituelles boursouflures des discours analysant le bon coup de dés et les gémissements des vicissitudes justifiant le mauvais. Car, en nos sociétés dites démocratiques, 51 font nécessairement plus que 49, c'est la règle. 51 ont raison contre 49 qui ont tort. 51 souriront et 49 pleureront, même si nombreuse est la cohorte des abstentionnistes volontaires, indifférents ou écœurés.
Déjà aux aguets, prête à envahir les rues et à converger jusqu'aux entrailles de la mairie, la foule qui se réjouira de la réussite de son camp se substituera à celle qui n'aurait jamais dû perdre. Impitoyable. L'astre luisant ou le désastre cuisant. A un chiffre près, le loto pour les uns, la guigne pour les autres. La belle vie d'un côté, la triste survie pour l'autre.
Aix a tout de la ville devenue romaine par la défaite violente infligée aux Salyens. Sur les hauteurs d'Entremont, les vestiges du site de notre passé ne cessent de nous rappeler qu'il faut être digne de Caius Sextius Calvinus pour fonder notre cité. Une garnison lui a suffi pour obtenir une victoire. Et un titre de consul l'a fait entrer dans l'Histoire. Vingt-et-un siècles après, une simple fonction confèrera ou non au maire élu son heure de gloire. Au prix d'un calisson ou d'un pastisson.
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L'oppidum du site d'Entremont vu par le Nord