Election municipale : Attrape-tout et fourre-tout ?
Après la fausse pause du 14-Juillet, la phase courte et décisive, qui s'ouvre aujourd'hui pour se terminer dimanche, est le résultat d'une série de palabres entre des listes contraintes à la fusion. Avec ses 34%, Alexandre Medvedowsky ne pouvait que "discuter" avec les écologistes qui lui imposent une dizaine de colistiers qui feront dégager d'anciens sélectionnés. Chez Hervé Guerrera, 45 personnes qui n'auront fait qu'une portion d'aller vont donc faire retour au champ qui n'est plus de bataille.
Du côté de l'équipe Medvedowsky, on entend dire que tout s'est passé facilement et clairement – ce sont toujours des mots servis dans la plus pure langue de bois pour simuler l'absence d'anicroches. De l'autre côté, celui des écologistes, on tient à faire savoir ouvertement dans une langue verte qu'il a fallu menacer au point de rompre les tractations, c'est-à-dire les marchandages sur le nombre de colistiers et de postes, pour arracher la partie leur garantissant une survie.
Restait à régler le cas Stéphane Salord. Au soir du premier tour, faisant un gros appel du pied droit à Medvedowsky, il déclarait : "Si on n'a pas la naissance d'une coalition positive constructive, pas un fourre-tout, Maryse Joissains peut gagner. Si le seul mot d'ordre est tout sauf Joissains, ça ne suffit pas. Il faut un supplément d'âme, c'est-à-dire une liste unique qui regroupe toutes les sensibilités." "Je verrais bien mes idées dans cette liste unique".
Lundi en soirée, après avoir assez longuement rencontré Medvedowsky, il appelait "à voter contre Joissains", ajoutant "Ma position n'est pas politique mais citoyenne et morale". Puis, "j'ai choisi le retrait pur et simple de ma liste". Avec 7%, il lui était interdit de se maintenir seul, alors mieux vaut faire croire qu'on ne subit pas mais qu'on "choisit", par sacrifice.
Sans doute parce que son intégration dans la liste Medvedowsky aurait agi comme un repoussoir pour pas mal d'électeurs, Salord a embrayé : "Nous appelons à voter pour la liste de rassemblement de Medvedowsky, qui me semble de nature à répondre aux besoins de cette ville. Je pense que Joissains peut être battue. Je le souhaite, pour que son système s'effondre".
On ne connaissait pas Salord positionné ailleurs qu'à droite. Etrange qu'il puisse ainsi penser que ses idées mises en avant pendant sept ans auprès de Joissains se sont envolées au point de prôner maintenant un soutien à ceux qui étaient en face de lui.
Mais après tout, la tâche ne lui a-t-elle pas été facilitée par un accueil à peine calculé par ces derniers, via une stratégie "attrape-tout" qui laisse perplexe quant à l'assise de la ligne politique et à la fermeté des convictions et des appartenances habituellement assénées par le comité d'accueil. Enfin, dans un communiqué plutôt alambiqué, Nathalie Leconte fait savoir lundi à son tour qu'elle ne formulait aucune consigne et que "les électeurs qui on voté pour sa liste décideront en toute conscience de leur vote". Hier, le PC seul, l'un des trois partis de la liste, affirmait le contraire, sans doute pour éviter des retours de flamme de la part du PS lors des futures alliances régionales.
On voit là, après une soirée de rencontres, de contacts et de déclarations, qu'est apparue, volens nolens, une sorte de front anti-Joissains, alors même que tous les opposants à l'ex-maire juraient il y a encore quelques jours qu'il n'en était pas question et que le débat devait porter essentiellement sur le projet pour Aix.
Sur ce point, il est légitime aussi de se demander si, au gré des gages accordés pour des entrées dans la liste, le projet ne ressemble pas en fait à une sorte de fourre-tout, un puzzle dont les pièces venues d'un autre jeu et les originales déjà issues de deux casse-têtes ont du mal à s'emboîter les unes aux autres.
Amis, décidément, nous vivons des instants historiques passionnants !
Parabole culinaire
Soit un panier contenant des œufs rose clair et orange, puis un deuxième avec une moins que douzaine d'œufs verts délavés et enfin deux œufs sans coquille qui viennent compléter - pour brouiller ? - la baroque omelette. Que penser de cette recette façon nouvelle cuisine qui met à sa carte un plat épais et peut-être un peu lourd pour l'estomac ?
En face, la cuisinière en chef nous ressort le même menu réchauffé avec des œufs carrés moins frais stockés dans un seul et même panier depuis un an, accompagné de la même mayonnaise. Comment s'y reconnaître dans tout ça ?
Est-ce pour cela que dimanche dernier plus de la moitié des électeurs ont envoyé tous les candidats aller se faire cuire un œuf ? Dur, dur…