Municipale : A force de jouer deux vilains tours… (3)
Voir les deux premières parties mercredi 8 et jeudi 9 juillet
J'écrivais ici même hier que les candidats s'évertuent à repeindre en blanc même les façades les plus sombres. Les articles parus dans la presse ce jeudi en sont la démonstration.
Il faut qu'une personne s'y colle pour que soient divulguées des pratiques qui entachent la vie politique et publique. C'est bien le signe que les électeurs n'ont pas le droit de tout savoir sur ce qui les regarde.
La "bombe" - c'est le terme employé par La Provence - lancée par Stéphane Salord sent le coup fourré et la poudre des derniers jours de campagne. L'objet du missile vise la gestion de l'Office HLM.
La première observation à faire est que les faits révélés ne se sont pas passés cette semaine. La deuxième est que Stéphane Salord a été administrateur de l'office pendant sept ans et qu'il a donc lui-même une part de responsabilité en ayant toujours approuvé, même silencieusement, la gestion de l'office.
Mais supposons qu'on lui ait caché beaucoup de choses. Son devoir, à lui l'élu qui se targue de connaître les dossiers à fond, aurait dû le pousser à en savoir plus et à ne pas cautionner par sa présence et ses votes ce qui était susceptible de receler des malversations. Il n'en a rien fait. Il a fallu qu'il obtienne copie de documents par des voies souterraines pour les divulguer au moment précis où il est lui-même candidat à la mairie. Nous sommes là dans le cas de figure le plus opportuniste qui se puisse.
Cela n'enlève rien à la gravité des découvertes et au rôle dissimulateur de Maryse Joissains, présidente de l'office. Pour être juste, précisons que les informations mises sur la place publique n'étaient pas toutes inédites. Certaines - le recrutement, le rôle et le salaire de la nouvelle directrice - étaient déjà connues et même critiquées à plusieurs reprises. La "bombe" d'hier n'a fait que confirmer que Maryse Joissains aime bien prendre les gens pour des imbéciles en présentant la réalité de façon tronquée et avantageuse.
Combien de fois ne l'a-t-on entendue déclarer que désormais tout va bien et que tout est en ordre. On voit bien qu'il n'en a jamais été ainsi. L'autre conséquence est que cette affaire éclaire la manipulation qu'elle a opérée en tentant de dégoupiller de futures attaques en prenant les devants par l'annonce de plaintes à propos de fausses factures. Et, usant de l'insinuation comme arme d'intimidation massive, cette offensive s'est doublée d'un jet de gaz aveuglant incriminant des faits remontant à 25 ans.
Un bel effet de brouillard qui n'a permis à personne de s'interroger si elle n'avait pas oublié qu'elle était première adjointe à cette époque. Oui, trop mentir tue.
Salord, l'homme tout blanc ?
Revenons maintenant à l'auteur du deuxième "coup", après celui de l'annulation de l'élection par le Conseil d'Etat. Quand on prend le risque de vouloir faire campagne en abusant du mot éthique et de se poser en homme tout blanc, il faut être tout blanc, sinon gare aux projections de son propre (si l'on peut dire) caniveau.
Stéphane Salord est une personne qui a toujours eu des idées de génie. Du moins, l'a-t-on loué pour cela à maintes reprises. Or, deux exemples suffiront à établir ses piètres performances lorsqu'il était adjoint à la culture et à l'économie.
En 2003, il avait mis en place au Jas de Bouffan une structure, le Centre européen de création et de développement culturel. En 2007, le CECDC s'est vu contraint de fermer suite à sa liquidation. Beaucoup d'argent a été englouti et perdu, des dysfonctionnements graves ont été relevés au rang desquels figure en bonne place l'implication directe dans le fonctionnement du Centre du directeur adjoint de la culture, sous l'autorité à l'époque de Stéphane Salord.
On attend toujours la clarté sur ce dossier que j'ai personnellement transmis à la Chambre régionale des comptes.
Le second exemple n'est pas moins opaque. Dès le début de son mandat d'adjoint à l'économie, Stéphane Salord a lancé un projet de pépinière d'entreprises. Sous le statut associatif, une structure, dont il était le président fondateur, s'est mise en place, Espace Agir Ensemble - Pôle de l'Initiative, subventionnée pricipalement par la CPA et diverses collectivités.
Après une période de lancement, des problèmes ont commencé à se faire jour. En 2007, c'était la liquidation brutale de l'association EAE, entraînant des pertes financières des mini-entreprises hébergées, la mise au chômage de leurs employés, un trou dans la caisse de 320.000 euros et un étrange cambriolage par effraction. On n'a jamais revu cet argent. Là encore, toujours pas d'explications.
Dans sa profession de foi adressée aux électeurs, Stéphane Salord évoque un "combat pour une certaine idée de la morale en politique" et déclare "aspirer à servir notre ville dans l'engagement, la transparence et le courage au quotidien". Bravo, bravo !
Alors, s'il est aussi blanc qu'il le prétend, il ne tient qu'à lui de ne pas se dérober et d'en apporter toutes les preuves. Avant le premier tour aussi, cela va de soi. Les spoliés lui en seront reconnaissants, le temps d'un second tour.
A suivre…
Mes articles avec tous les faits sur le CECDC :
"Ce qui se passe au CECDC"
http://castronovo.canalblog.com/archives/2007/01/22/3761919.html
"Scandale au Jas : La fin prévisible du CECDC"
http://castronovo.canalblog.com/archives/2007/11/08/index.html
"Liquidation du CECDC : J'accuse Maryse Joissains"
http://castronovo.canalblog.com/archives/2007/12/11/7194653.html
Le dossier complet que j'avais consacré à cette affaire de l'EAE :
"Où est passé l'argent de la pépinière ?"
http://castronovo.canalblog.com/archives/2009/03/16/12987810.html