Municipale : A force de jouer deux vilains tours… (2)
Voir la première partie à la date d'hier
Comme à chaque élection, il y a ce que les candidats, quels qu'ils soient, laissent voir et entendre. Et puis, les côtés certes moins chatoyants, qu'ils escamotent, taisent ou nient carrément. Leur objectif est bien sûr de présenter une façade repeinte en blanc dont on a fait disparaître toute craquelure.
Il s'en trouve, on le voit bien depuis un mois, pour parler de transparence totale tout en esquivant, via une langue de bois sec dont aucune forêt ne voudrait pour se repeupler, les questions qui les bousculent. Ils ont toujours assez de sève pour nourrir de beaux discours mais ils ralentissent leur débit lorsqu'il y a péril pour l'écorce.
Tous assurent qu'ils font de la politique autrement, qu'ils disent tout, qu'ils parlent vrai, quand les autres mentent bien sûr. Cette campagne n'aura pas dérogé à cette illusion de la parade. Les électeurs, qui demandent pourtant qu'on les traite en adultes, doivent se contenter de croire sur parole toutes les promesses d'un avenir radieux, parfois répétées d'une élection à l'autre, tous les engagements main sur le cœur, qui ne vaudront finalement que le temps d'un scrutin, toutes les stratégies car "on a bien réfléchi", qui ne seront déjà plus valables dès le soir d'un premier tour.
C'est ainsi que les électeurs sont ballottés vers des arrangements, allant de la volte-face au reniement, où ils n'ont pas eu leur mot à dire. Oui, et alors ? Et qu'est-ce qu'ils voudraient en plus ? C'est déjà bien assez qu'on leur permette de voter.
Regardons ce qui se passe. Toutes les listes, à l'exception d'une qui a peu changé, n'ont plus rien à voir avec ce qu'elles étaient l'an dernier. "On a pensé que cette fois-ci…", "Oui, mais c'est une situation exceptionnelle…", "La donne n'est plus la même…", "C'est parce que les écologistes…", "Les conditions sont maintenant réunies pour créer d'autres formes d'alliances…", "Les Aixois veulent que…", "Ce n'est pas un front anti-J… mais 60% de nos concitoyens ne veulent plus les J…".
Nous avons tous entendu ou lu cela. S'ils le disent... Mais il faudrait quand même un peu se rappeler qu'ils n'ont pas toujours tous dit ça. Et que beaucoup d'entre eux, sur un simple coup de canif dans le bail, ont changé d'adresse pour aller s'inviter dans d'autres maisons. Et on n'en est qu'au premier tour.
Au second, en cas de sauve-qui-peut ou, pire, de sauve-qui-perd, ça risque de frôler la maisonnée surpeuplée et son lot de promiscuités incompatibles mais artificiellement gommées. Finalement, il est fort heureux qu'il n'y ait que cinq listes. On n'ose imaginer si elles avaient été sept comme l'an dernier.
Certains candidats laissent entendre qu'ils ne feront pas d'alliance à tout prix, c'est à voir. D'autres qu'ils y mettront leurs conditions en imposant un contrat, oui comme un bail et gare à ceux qui ont un canif dans la poche. D'autres encore ne rejettent aucune hypothèse a priori car, n'est-ce pas, il faut rassembler au maximum, et peu importe les ennemis de toujours, naguère encombrants ou pestiférés, pourvu qu'on fasse nombre.
Le problème, c'est que, dans l'hypothèse la plus surréaliste, donc inimaginable, si quatre listes s'avisaient de fusionner (55 candidats X 4 = 220), il faudrait liquider 165 colistiers à la hache en les projetant de l'avant-scène aux oubliettes. Le coup de la machine à rétrécir, en quelque sorte. Paradoxe : l'ouverture tant prônée n'est qu'une fermeture. Alors, bonjour l'écœurement confraternel.
Même peine pour la fusion de trois listes avec leurs 110 suppliciés ou pour deux listes et leurs 55 sacrifiés. L'accueil d'ex-adversaires de l'instant vaut bien le renvoi de copains de toujours. Et qu'on n'y voie rien de choquant là-dedans. Pour certaines listes, la machine à rétrécir a déjà bien fonctionné avant le premier tour avec quelques soustractions de porteurs de voix jugés indésirables pour un bon déroulement de la campagne avec une équipée largement redevable au chef de lui consentir un fabuleux destin.
A suivre…
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PS (rien à voir avec un parti) : Le sondage de second tour publié hier par La Provence semble un brin fantaisiste. Le titre à la une, pour accrocheur qu'il soit, magnifie le cas de figure le plus improbable, celui du duel.
Sur les trois hypothèses exposées en pages intérieures, selon le sondage, seul ce face-à-face donnerait une victoire à Medvedowsky, la deuxième verrait Joissains vainqueur, la troisième les mettrait à égalité.
La triangulaire avec Guerrera imaginée par les sondeurs est pour le moins incongrue puisque la fusion PS/MoDem et écologistes est la plus attendue. La triangulaire avec Salord est tout aussi farfelue puisque sa liste n'était créditée avant-hier que de 9% donc dans l'impossibilité d'un maintien au second tour.
Enfin, pourquoi avoir écarté une hypothèse plus plausible, celle d'une triangulaire avec la gauche de la gauche qui avait été évaluée à 10% ? Quel était le parti-pris (voire le message) pour donner à lire de telles présentations tout en en occultant une quatrième et en ne citant jamais la liste Leconte dans aucune hypothèse ?
Une petite explication claire, précise et sans ronds de jambe serait la bienvenue. S'il vous plaît, merci !