Election municipale : Pour laver blanc, il ne faut pas…
Le Conseil d'Etat
Le Conseil d'Etat a annulé l'élection municipale d'Aix de mars 2008 pour des motifs qui visent à "moraliser" la vie politique. Jusqu'à présent, nombre de décisions étaient fondées sur la mise au jour de fraudes électorales, genre bourrage des urnes ou opacité des financements de campagne. Cette fois-ci, même si tous ces cas trouvent des illustrations dans les plus récentes annulations, fraude à la chaussette à Perpignan, achat de voix à Corbeil-Essonnes, la situation d'Aix est plus singulière.
La plus haute juridiction française a visiblement décidé de taper fort en mettant en avant, et de manière exemplaire, la nécessité de civiliser les mœurs politiques. L'argumentation du Conseil d'Etat revient à établir l'interdiction de se livrer à des atteintes à la vie privée. Cela rejoint ainsi l'évolution constante du droit en matière d'affaires civiles hors élections, une évolution qui va dans le sens de la protection de la vie privée et donc plus en adéquation avec la marche en avant de la société vers le devoir de tolérance envers les personnes.
De considérations "techniques" ou administratives liées à l'insincérité des votes, le Conseil d'Etat franchit donc une étape décisive, en l'occurrence celle de la prise en compte du respect dû aux personnes qui s'engagent dans la vie publique. Chacun doit désormais savoir qu'on ne peut pas dire n'importe quoi contre n'importe qui sous prétexte de discréditer un concurrent lors d'une confrontation électorale.
En ce sens, quels que soient les sentiments que l'on éprouve à l'égard de Stéphane Salord ou les motifs de type revanchard qui ont pu le motiver, ce dernier a eu raison de s'obstiner sur le terrain où il s'est senti attaqué.
Ce qui ne laisse pas de surprendre, c'est la réaction plus épidermique que réfléchie de Maryse Joissains à l'encontre des magistrats du Conseil. Comment une élue, députée, ex-avocate de surcroît, peut-elle lâcher des déclarations outrancières tous azimuts ?
Accusations graves et chasse aux sorcières contre des magistrats qui feraient fi de leur indépendance pour régler des comptes politiques. Recours bouffon et ignorant auprès de la Cour européenne des droits de l'homme contre l'Etat français, dont la députée est l'une des représentantes, comme si les décisions souveraines en droit électoral français du Conseil relevaient d'une souveraineté soudain déléguée au niveau européen à l'insu de la France.
Quelle ignorance ! Ou, plutôt, quel culot de se poser en victime pour faire croire, à défaut d'arguments sérieux, et en guise de défense, qu'elle s'en prendrait même à la lune si notre satellite pouvait déclancher une marée pour engloutir tout citoyen requérant l'application des droits fondamentaux.
Maryse Joissains a beaucoup gesticulé, trop, elle gesticule encore un peu. Pourtant, que de procès perdus avec l'argent public : contre le Nouvel Observateur, contre des personnels municipaux, contre le contrat illégal de son directeur de cabinet. Que de tambouilles avec des affaires immobilières réservées aux copains, que de gestions calamiteuses des organismes para-municipaux, que de décisions de casse de structures ou d'associations n'entrant pas dans sa "ligne politique".
Lundi, le droit a enfin parlé. Dans quelques semaines, les urnes diront si les Aixois veulent que le droit passe.
Car, pour prétendre laver plus blanc, il ne faut pas avoir lavé gris.
La faute à pas de chance
Le performant cabinet d'avocats auquel Maryse Joissains entend confier sa plainte, aussi fantaisiste qu'irréaliste, auprès de la Cour européenne est celui-là même qui vient d'essuyer un revers du Conseil d'Etat.
Mais ce n'est pas tout. Au nom de la Ville, il a également perdu en cassation contre le directeur des ressources humaines injustement licencié par le maire, contre moi-même en première instance dans le dossier du contrat illégal d'Alain Joissains et, cerise sur le chausson (humour facile, j'en conviens), contre le recours qui a vu l'annulation de l'inénarrable élection municipale de Perpignan.
Et maintenant, juste un espoir : pourvu que les Joissains ne se mettent pas en tête de changer d'avocats.
Grosse piqûre de rappel (sur le site d'Olivier Bonnet) :
"Maryse Joissains, le népotisme aux frais du contribuable..."
http://www.plumedepresse.com/spip.php?article998
Demain, le casting de l'élection… Mais d'abord de l'esprit et du sourire…
Deux sites tout frais dont les auteurs m'ont signalé la naissance :
"Carnets de campagne", à la manière de… :
(laissez-lui un commentaire, ça lui fera plaisir)
http://plassans2009.hautetfort.com/archive/2009/06/09/premier-jour-annulation-des-elections.html
Le retour de "citoyen aixois", l'espiègle :