Mairie d'Aix : Un pouvoir… à la mode soviétique ?
En Union soviétique, le pouvoir n'y allait pas de main morte. Ainsi, avait-il coutume d'éliminer les réfractaires, les importuns, les indésirables et les contestataires en présentant leur départ comme étant motivé par des raisons personnelles ou de santé. On allait jusqu'à effacer leur image sur des photos officielles, une façon de nier leur existence. Lors de changements de pouvoir, certains nouveaux dirigeants n'hésitaient pas à faire place nette de leurs adversaires, parfois en les faisant assassiner.
Ces mœurs de gangsters ont toujours cours dans pas mal de pays. Ce sont là, bien sûr, des exemples extrêmes. Mais il existe une variété de formes plus courantes dont le seul but est d'assurer aux détenteurs de pouvoir une prépotence sans partage. Il arrive parfois que ce sont des personnes en désaccord avec leur tutelle qui prennent les devants en quittant leurs fonctions avant de s'en faire virer.
Voyez ce qu'il advient chez au moins deux ministres de la République sarkozienne. Chez Rachida Dati, c'est carrément l'hécatombe. Cinq collaborateurs directs de haut rang ont successivement déserté la ministre de la justice dont ils constestaient l'autoritarisme exacerbé, voire l'incompétence à mener une politique sérieuse. Le syndrome a rattrapé sa collègue Fadela Amara, "victime" elle aussi de la fuite de collaborateurs. Et que dire de la manie de Nicolas Sarkozy de limoger et de muter tout préfet ou fonctionnaire qui n'aurait pas satisfait aux caprices du chef.
Dessin de Charmag
Depuis son élection à la mairie d'Aix en 2001, Maryse Joissains a peu à envier aux méthodes gouvernementales, tant la liste de ses fantaisies en la matière est longue.
Lors du premier mandat, l'excellent directeur de l'Agence d'urbanisme a été viré pour avoir participé à titre personnel à une conférence sur l'urbanisme. Dans la même période, c'est la très compétente directrice de l'Association des crèches, en place depuis de longues années, qui a été abusivement licenciée pour… aucune faute !
Puis, est venu le tour du directeur de la sécurité municipale, ancien commissaire, recruté pour ses qualités incontestables, qui a été mis au placard pour avoir manifesté des désaccords sur la politique à mener. La charrette s'est alourdie avec le licenciement du directeur des ressources humaines qui refusait de se plier aux injections politiques de recrutement. Il faut signaler dès à présent que la plupart ont gagné leurs procès en abus de pouvoir contre Maryse Joissains. Mais, continuons les rappels.
En sept ans, cinq directeurs se sont succédé à la tête de l'Office HLM et un sixième vient de prendre ses fonctions. Rayon instabilité, on ne peut guère faire mieux, le record de Dati est battu. Pour être complet sur cet exemple, le plus récent directeur "débarqué" a été reclassé directeur du Centre de formation des apprentis avec une indemnité inférieure à celle d'un licenciement mais suffisante pour qu'il ne se répande pas dans la presse. Histoire de donner le change en économie de moyens, c'est la directrice du CCAS qui a pris sa suite à l'office.
Il y a peu aussi, le valeureux directeur des services de la Communauté du pays d'Aix a été reclassé comme "conseiller technique", laissant sa place au profit d'un ami politique de Maryse Joissains. Pour combien de temps, serait-on tenté de dire. Car, il se dit que le nouveau directeur n'a en tête que de "mettre les élus au pas". Ça promet !
Pour clore, provisoirement, venons-en au cercle le plus proche. Maryse Joissains, dont le sens familial n'est plus à démontrer, avait recruté son époux Alain comme directeur de cabinet à la mairie (l'appel en annulation de son contrat est désormais en cours) et leur fille Sophie comme directrice de cabinet à la CPA. Pour le second mandat, Ils ont été remplacés à leurs deux fonctions par une seule et même personne, l'ancien directeur de l'hôpital d'Aix. Lequel, après seulement quelques mois d'exercice, vient de plier bagage à son tour. Etonnant que les médias n'aient pas rapporté l'information et les raisons.
Enfin, il m'a été murmuré que le directeur actuel des services municipaux, en poste depuis six ans, va lui aussi dégager et que son remplaçant pourrait être le fonctionnaire ayant lui-même pris la place du directeur des ressources humaines licencié (et rétabli dans ses droits).
Si des doutes subsistent sur le pourquoi de ces tous ces mouvemnts, précisons qu'ils sont le plus souvent annoncés comme ayant pour base la "perte de confiance" de Maryse Joissains envers ces fonctionnaires et collaborateurs. Mais on l'aura compris, les explications relèvent plus de la purge et de la versatilité que de l'intérêt général.
Une prochaine fois, je vous parlerai peut-être des grands élans de générosité qui ont permis le recrutement de bons copains, y compris, par exemple, celui de malheureux colistiers non élus.