Les chiffres du surendettement… qui crient misère
Ici, on condamne crapuleusement des associations qui aident les sans-logis. Là, on expulse ceux qui ne peuvent plus honorer leurs loyers. Ici, on prive des chômeurs d'allocations minimales. Là, on licencie à lourdes charretées. Ici, on distille des salaires de misère. Là, le désespoir pousse les ménages à suremprunter pour rembourser leurs dettes. Mais, on continue à gaver les malfrats de la finance à coups de milliards.
On pond rapport sur rapport, sur les mal-logés, sur le chômage, sur les niveaux de (sur)vie. Il suffit de jeter un œil sur les documents publiés pour prendre la mesure du désastre.
Les ménages de plus en plus surendettés
En décembre 2006, la Banque de France, qui assure le secrétariat des commissions de surendettement, faisait état de 700.000 dossiers de surendettement en cours de procédure de désendettement. Selon ces mêmes sources, les dossiers de surendettement en cours étaient de 652.000 en janvier 2006. On constate donc une nette croissance du phénomène de surendettement au cours de l’année 2006.
Une légère baisse de 0,6% des dossiers a été constatée au premier trimestre 2007. 185.000 ménages ont déposé un dossier auprès de la commission en 2006. Soit 20.000 demandes de plus qu’en 2003, au moment de la promulgation de la loi Borloo.
Selon des critères plus subjectifs, basés sur des enquêtes nationales, 15% des ménages déclarent avoir des difficultés "à rembourser leurs dettes". Plus de 7 millions de personnes seraient concernées, de près ou de loin, par le surendettement.
Le surendettement a fortement changé de nature depuis la mise en place de la première loi sur le surendettement en 1989. Un tiers des dossiers enregistrés par les commissions entrent dans la catégorie du surendettement actif. Les deux tiers des dossiers traités relèvent du surendettement passif, lié à un "accident de la vie".
Les origines du surendettement
Les principales causes du surendettement en chiffres :
Le surendettement "actif"
Excès de crédit : 15%
Erreur de gestion : 6%
Coût trop élevé du logement : 1,2%
Le surendettement "passif"
Le chômage : 31%
Séparation, décès : 17%
Maladie, accident : 11%
Le profil des surendettés
Les ouvriers et employés : 55% des surendettés
Les chômeurs : 34%
Les personnes seules : 64% de célibataires, 58% sont veufs ou divorcés
Le salaire moyen des personnes surendettées est de 1.500 euros et moins.
Parmi les surendettés : 78% de locataires, 10% ayant un patrimoine immobilier.
La tranche d’âge la plus touchée : 35 - 54 ans.
Le coût du surendettement
Il est évalué à 180 millions d’euros pour le seul fonctionnement des commissions de surendettement.
Le surendettement moyen
Il équivaut à environ 60% du revenu permanent d'un ménage. L’endettement par dossier de surendettement est estimé en moyenne à 32.600 euros.
Les solutions proposées
Sur 730.000 dossiers déclarés recevables par la commission de surendettement entre janvier 2002 et décembre 2006 :
59% ont fait l’objet d’un plan de redressement classique
13% ont fait l’objet de recommandations
8% ont fait l’objet d’une "faillite civile".
Cependant, depuis l’avènement de la loi de rénovation urbaine, en 2004, la part de la procédure de rétablissement personnel (ou faillite civile) dans les solutions face au surendettement ne cesse de croître.
Le rachat de crédit, une solution favorisée par les Français
Depuis 2003, les chiffres attestent d’une nette progression du rachat de crédit en France. Les prévisions pour l’année 2008 ne démentent pas le succès de cette "technique".
Avant de devoir faire face aux graves difficultés liées au surendettement, le rachat de crédit permet d’agir dès les premiers signes de déséquilibre budgétaire (incidents de paiements répétés, séparation en prévision…).
Face à la forte crise économique qui s'installe pour un bon bout de temps, que vont peser ces faibles progrès ?
"Discours sur la misère" (Victor Hugo, 9 juillet 1849)
(Clic sur l'image pour agrandir)
"Miseria", dessin attribué à Victor Hugo
"Je ne suis pas, Messieurs, de ceux qui croient qu'on peut supprimer la souffrance en ce monde, la souffrance est une loi divine, mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu'on peut détruire la misère. (Réclamations - Violentes dénégations à droite) Remarquez-le bien, Messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. (Nouveaux murmures à droite)
La misère est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain ; la misère peut disparaître comme la lèpre a disparu. (Oui, oui ! à gauche) Détruire la misère ! Oui, cela est possible ! Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n'est pas fait, le devoir n'est pas rempli. (Sensation universelle)
La misère, Messieurs, j'aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir où elle en est, la misère ? Voulez-vous savoir jusqu'où elle peut aller, jusqu'où elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au moyen-âge, je dis en France, je dis à Paris, et au temps où nous vivons ? Voulez-vous des faits ?"
(Victor Hugo, extraits de "Actes et Paroles I, Assemblée législative", 1849-1851)
Quelques liens pour en savoir plus sur le surendettement :
http://www.conseil-economique-et-social.fr/presidence/publication/PU07-276.pdf
http://www.guideducredit.com/HTMcorps/fichiersreglementation/le-surendettement-en-france.doc
http://www.banque-de-france.fr/fr/instit/telechar/services/tableaux_barometre_0712.pdf