Université, LGV, Plan de Campagne, quels enjeux ?
Jamais plus concrètement que depuis les élections de mars, nous n'avons autant pu mesurer que les choix politiques concernant notre région nécessitent des ententes globales. Des débats, pour certains entamés il y a assez longtemps, sont devenus saillants et occupent tout l'espace dans les réflexions des élus et des médias. La plupart ont fait et font encore polémique. Les forces en présence et les divergences d'intérêt des collectivités pimentent les procédures.
Il en est ainsi par exemple des trois dossiers suivants :
Ÿ Le devenir des universités
Les rivalités plus ou moins réelles entre les établissements d'Aix et de Marseille ont longtemps retardé la recherche d'une mise en commun des moyens et l'élaboration d'un projet destiné à doter les universités de l'aire métropolitaine aixo-marseillaise d'une visibilité renforcée et de performances plus qualitatives.
Au cours de ces dernières années, des transferts importants d'unités universitaires se sont opérés surtout au profit de Marseille qui n'a pas fait d'efforts pour adapter ses conditions d'accueil. C'est là l'une des raisons qui n'ont pas permis au projet Campus d'être validé au premier tour par le ministère de l'enseignement supérieur. Il faudra attendre ce 11 juillet pour savoir si Aix et Marseille ont été retenues. Si ce n'était pas le cas, ce serait dramatique.
A signaler que Marseille ne serait pas la seule à en porter la responsabilité. Car Aix n'est pas en reste dans les difficultés rencontrées pour faire aboutir la démarche : le logement étudiant, pour ne citer que cela, est loin de répondre aux énormes besoins. Et entre les deux villes, le lourd problème des déplacements complique la tâche.
Ÿ Le projet de ligne à grande vitesse
La controverse sur le futur tracé Sud-Est de la LGV polarise toutes les attentions et escamote le débat sur les réponses toujours retardées face au manque criant de transports de proximité, véritable enjeu de la mobilité entre Aix et Marseille.
Depuis plus de deux ans, deux hypothèses se sont affrontées : celle d'un passage du tracé Paris-Nice par Marseille et celle d'un passage par Aix. Or, un consensus semblait s'être dégagé pour la première solution qui permettait de ne pas écarter Marseille de la desserte et d'éviter un passage désastreux pour l'environnement par un tracé au Nord d'Aix via le Val de Durance. Les collectivités s'étaient rangées à ce choix.
Or, voilà que le préfet dit sa préférence pour la version courte, en contradiction avec tout le monde. Et que Jean-Claude Gaudin, qui avait défendu un passage par sa ville, lui emboîte le pas en prenant lui aussi l'exact contrepied des préférences de tous les partenaires avec lesquels il avait travaillé. Il va falloir que l'un et l'autre s'expliquent.
Certes, le projet via la gare de Marseille revient plus cher, mais l'environnement et l'agriculture de l'arrière pays aixois et varois ne valent pas moins.
Ÿ Le conflit sur la fermeture dominicale de Plan de Campagne
Marseille et sa Communauté urbaine, lourdement endettées, n'ont jamais vraiment pu digérer le fait que la taxe professionnelle conséquente de la zone bénéficie à la Communauté du Pays d'Aix.
La bataille pour la fermeture dominicale des grandes enseignes a été soutenue par les commerçants marseillais qui estimaient que la concurrence était déloyale. La CPA s'est positionnée pour une ouverture et on comprend pourquoi.
La aussi, il est aisé de remarquer que les arrière-pensées ne sont pas absentes des calculs réciproques des deux entités. Le conflit semble se cristalliser entre elles sans que jamais on n'élargisse le champ de vision pour s'intéresser, par exemple, aux zones commerciales d'Aubagne et de Vitrolles qui n'ouvrent pas le dimanche.
Comme si les positions n'étaient pas déjà assez nébuleuses, les uns et les autres font feu de tout bois, y compris en se déclarant prêts à sacrifier le respect du code du travail.
Pour couronner le tout, la bataille des sénatoriales de septembre va sans nul doute amener les différents candidats à faire de la surenchère en instrumentalisant un peu plus ces dossiers d'intérêt général pour tenter d'en tirer des profits politiques personnels.