Badinter se fâche contre le cumul des mandats
Beau coup de gueule de Robert Badinter ! C'était hier au Sénat, lors de la défense d'un amendement proposé par la gauche dans le cadre de la discussion du projet de loi constitutionnelle sur la réforme des institutions. Dans son style inimitable, il a pourfendu le cumul des mandats et notamment pour les membres du gouvernement. L'échange a été vif avec certains sénateurs de la majorité qui ponctuaient chacune de ses phrases pour tenter de l'interrompre. Il a alors élevé la voix… Mais ce qui était prévu est quand même arrivé, la droite, pas masochiste, a repoussé l'amendement.
"Quand on est ministre de la République, ce qui est un grand honneur, les citoyens considèrent avec raison que l'on doit tout son temps au Gouvernement de la France et que l'on ne peut pas se consacrer, en même temps, à une fraction du territoire national. Le cumul est un mal français. Admettre qu'un ministre en exercice, qui devrait s'employer sans discontinuer, surtout en un temps où l'Europe se construit, à remplir ses fonctions, consacre une partie de son temps à gérer une collectivité locale, c'est leur jeter le gant à la face.
Voulez-vous que je vous dise ce qu'ils pensent ? Que la seule chose qui intéresse ceux qui occupent des responsabilités nationales, c'est leur carrière, qui se joue sur le terrain ! Ce n'est pas sans raison que tous les comités ont préconisé l'interdiction. Je le répète, c'est un défi que vous lancez aux citoyens ! Ils considèrent qu'un ministre doit s'atteler à sa tâche matin, midi et soir ! Ils ne croient pas au surhomme ! Jamais je n'ai cumulé les fonctions ! Écoutez bien le nom que donnent les Français à ceux qui se livrent à cette double activité : des cumulards ! Je vous les laisse !"
L'ensemble du débat d'hier au Sénat :