La reine et le fou
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Pour ce débat d'entre deux tours, nous avons assisté à l'affrontement de deux stratégies tout à fait opposées et tout à fait révélatrices.
Pour Ségolène Royal, il s'agissait de montrer qui elle était réellement - compétente et volontaire, pugnace et souriante, à la hauteur du poste - et le moins que l'on puisse dire est qu'elle a atteint son objectif.
Pour Nicolas Sarkozy, il s'agissait au contraire de dissimuler qui il est vraiment - surtout ne pas s'emporter, faire profil bas, jouer la victime chaque fois que l'occasion se présentait - et le moins que l'on puisse dire là aussi est qu'il a également atteint son objectif...
Je m'attendais, dès ce jeudi, à entendre les médias déclarer un "match nul". Les plus audacieux disent que, si éventuellement Ségolène Royal l'a emporté, Nicolas Sarkozy n'a pas perdu. C'est qu'ils confondent le débat et l'élection elle-même. Ils disent "match nul" parce qu'ils supposent, ou s'efforcent de supposer, que les "points marqués" par Ségolène Royal ne seront pas suffisants pour rattraper son prétendu "retard". Ils le supposent, de même qu'ils supposent ce retard à la lecture des sondages, et nous verrons bien ce qu'il en sera.
La seule réalité qui n'est pas supposée, ce sont les points marqués par Ségolène Royal lors de ce débat, et donc son incontestable victoire. Car, que cela suffise ou non pour emporter l'élection, Ségolène Royal a été incontestablement meilleure que Nicolas Sarkozy en entrant dans la confrontation par effraction pour en briser le convenu. Au résultat, le fait même qu'aucun commentateur n'ose tout de même parler d'une victoire de Sarkozy est une victoire pour Royal.
Cela pourrait bien éclairer le choix des Français qui, dimanche soir, auront finalement tranché entre aigreur et repli sur soi d'une part, ouverture d'esprit et volonté d'aller de l'avant de l'autre, deux visages différents pour la France.