BILAN 10 : Santé : infarctus interdit à Aix !
L'hôpital du Pays d'Aix n'est pas une exception. On y rencontre les mêmes problèmes que dans la plupart des centres hospitaliers français. Urgences encombrées, personnel en sous-effectif et sous-payé, réformes au coup par coup, service public en danger, médecine à deux vitesses.
Après une période de déficit chronique et des renflouements par perfusion par l'Agence régionale d'hospitalisation, le centre d'Aix, dont le président de droit est le maire, doit maintenant répondre au Plan pluriannuel d'objectifs et de moyens (PPOM). En gros, après l'application déjà effective des dotations calculées à l'activité – il faut donc faire du chiffre comme on dit dans le langage marchand – l'unité d'Aix va devoir respecter un "quota" d'actes à ne pas dépasser, sous peine de sanctions avec pénalités financières !
Exemples : en 2006, la direction cardiologie a assuré 60% d'actes lourds, avec 617 angioplasties et plus de 400 poses de pacemakers. Désormais, l'ARH contraint l'hôpital à réduire son nombre à 490 actes annuels tout compris. Compris ? Même le directeur de l'hôpital s'en est indigné lors du conseil d'administration du 29 mars, c'est dire.
Oui, mais alors, les gens vont-ils mourir ? Non, le privé les sauvera ! C'est là que se situe le tour de passe-passe. L'équipe cardiologie de la clinique Rambot pratique plus de 1.000 interventions lourdes, qui plus est, sans aucune autorisation sanitaire de l'ARH et donc sans représailles ! Idem pour le service de rééducation fonctionnelle. Actuellement, à l'hôpital, il y a 3.000 passages dans ce service, il faudra les ramener à 1.000 ! Là encore, c'est le privé qui va récupérer le gros reste.
Enfin, il y a déjà quelques mois, au conseil municipal, la situation des lits de maternité a été évoquée. J'ai moi-même dénoncé l'absence d'une carte sanitaire et médicale régionale qui aurait pu donner une cohérence à une politique réfléchie de la santé. Au lieu de cela, les bouleversements se font au coup par coup selon des opportunités commerciales.
J'ai fait observer que la clinique de l'Etoile (qui paraît-il fait aussi des miracles) allait s'agrandir et récupérer des lits de maternité provenant de la clinique Rambot, qui elle-même veut développer la cardiologie. Cela se fait entre privés sans prise en compte du rôle de l'hôpital et à son détriment.
Dans ces conditions de recherche du profit, on s'achemine vers la mort de la belle idée de Sécurité sociale instituée en 1945 par le Conseil national de la Résistance, à moins qu'une nouvelle donne soit instituée grâce à l'élection présidentielle.
Pour ce me concerne, je ne ferai pas confiance à un gouvernement de droite qui n'a qu'une seule envie : poursuivre la casse du système de santé publique.
En attendant, ce n'est pas encore demain la veille que je vais pouvoir faire mon second infarctus.