Brèves à la manière de Knock : soigner ou saigner ?
Médecine à deux vitesses et en marche arrière
Ils vont le crier haut et fort aujourd'hui. Les praticiens hospitaliers s'élèvent contre la mise en place d'un système de rémunération variable pour les chirurgiens, suite à un arrêté publié le 29 mars qui institue ce principe. En fait, la part variable s'appuie sur le nombre d'interventions opératoires et de consultations. Les syndicats dénoncent une discrimination entre médecins qui sera source de conflits et de démantèlement de leur statut. Ils craignent que cela n'aboutisse à une sélection des patients et à une concentration des médecins dans quelques grands centres. Cela s'appelle la médecine à deux vitesses, la fin du statut unique et la fragilisation du service public.
Dépassements d'honoraires et de mesure
Les dépassements d'honoraires de professionnels de santé remettent en cause les principes de l'assurance maladie et de son fonctionnement. C'est là un obstacle grave qui réduit l'accès aux soins pour tous. L'Inspection générale des affaires sociales a rendu public un document montrant que, dans le secteur des honoraires libres, le montant des dépassements a doublé en 15 ans, pratique majoritaire chez les spécialistes. Les sommes en jeu ne sont pas dérisoires. Ainsi, les dépassements atteignent 1,5 milliards d'€ pour les cabinets médicaux et 500 millions pour les interventions en hôpital ou en clinique. Cela concerne aussi bien les accouchements et la pose de prothèses de la hanche que les opérations de la cataracte ou les coloscopies. On le voit, il s'agit d'interventions vitales, pas de chirurgie esthétique ! En moyenne, les dépassements par patient représentent 91€ dans le public et 454€ dans le privé. On ne parle même pas des dessous-de-table, véritable escroquerie qui n'a rien à faire dans le domaine de la santé.
"Franchise médicale" : c'est quoi ?
Sarkozy a des idées fixes. En particulier quand il s'agit d'assurance maladie. Pour lui, l'augmentation des dépenses de santé, ce serait d'abord et avant tout la faute des patients. Il faut donc les pénaliser pour qu'ils consomment moins et que la Sécu rembourse de moins en moins. Il parle de "franchise médicale", c'est-à-dire d'un seuil annuel de dépenses en dessous duquel l'assurance maladie ne remboursera rien. Rien du tout. Voilà, c'est socialement injuste, économiquement inefficace et dangereux pour la santé publique. Résumé. Première étape : la franchise. Deuxième étape : l'assurance individuelle. Troisième étape : la fin de la sécurité sociale. Pour un libéral, c'est super : on paie pour soi, les autres se débrouillent comme ils peuvent, s'ils le peuvent. Sarkozy est un mauvais chirurgien qui veut soigner tout le monde à la scie. Ne nous laissons pas saigner.