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le Blog de Lucien-Alex@ndre CASTRONOVO
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  • Prof d'anglais retraité Sous-officier Armée de l'Air Président assos culture, éducation, social 1978-1989 Correspondant presse locale 1989-1995 Conseiller municipal liste Yves Kleniec 1983-1989 Adjoint liste Jean-François Picheral 1995-2001 Parti radical de gauche 1998-2008 Conseiller municipal liste Michel Pezet 2001-2009 Conseiller municipal liste Edouard Baldo 2014-2020 lucalexcas@aol.com
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5 mars 2007

Bonjour, c'est pour un sondage…

rouletteLa campagne électorale n'a pas encore livré, et de loin, toutes ses surprises. Les sondages se sont toujours trompés. Enfin, disons qu'ils n'ont jamais donné les bons résultats. C'est bien connu, les intentions de vote ne font pas le vote.

Alors, que penser des sondages politiques ? Les méthodes utilisées sont-elles scientifiques ?

Pour ces élections présidentielle et législatives, dont les enjeux sont atypiques par rapport aux précédentes, les incertitudes n'ont jamais été aussi fortes. On sent bien que cette échéance va être cruciale pour l'avenir de la France.

Les difficultés quotidiennes et les craintes existentielles que connaissent des millions de Français ne sont pas étrangères aux confusions en tous genres qui les envahissent. Chaque jour voit des ralliements inattendus en direction de candidats d'un autre camp, des discours politiques empruntant les arguments des adversaires, bref, une perte de repères qui ne peut que troubler la lisibilité politique.

Malgré des efforts de regroupements autour de candidatures à vocation majoritaire, on constate une fragmentation des opinions aux extrêmes qui explique l'inflation des postulants. Comment y voir clair ? Et c'est là que je veux en venir. Comment faire confiance aux sondages ? Comment les instituts osent-ils donner des tendances aussi "précises" ?

En fait, disent-ils, pour y parvenir, ils introduisent des éléments de pondération et de correction, qui leur permettent d'annoncer qui des deux candidats, qu'ils ont désignés, gagnera alors que, au mieux, les marges d'erreur sur des panels de 1000 sondés vont de 3 à 5%.

Pour vendre, les médias ont souvent besoin d'informations simplifiées et superficielles. Les sondeurs se plient à leurs prétendues attentes, qui seraient donc aussi celles des lecteurs, auditeurs, téléspectateurs, électeurs et gogos.

J'aimerais bien savoir pourquoi il n'est jamais tenu compte des abstentions, qu'il ne faut pas confondre avec les "sans opinon". Les abstentionnistes ne sont jamais les mêmes d'un scrutin à l'autre. Ils peuvent donc faire varier les résultats de manière conséquente.

Pourquoi on élimine les votes blancs ou nuls qui sont impossibles à quantifier à l'avance et qui, le soir de chaque tour, révèlent de vraies surprises. Pourquoi on néglige les motivations qui président aux choix subjectifs faits par les électeurs, sachant que, pour une même personne, elles peuvent changer aussi d'une période à l'autre.

Pourquoi ne dit-on pas que le résultat du second tour est calculé sur des reports massifs et volatils, donc imprévisibles, sur chacun des deux candidats qualifiés qui n'auront réuni à eux deux au premier qu'entre 45 et 50% des voix (en 2002, c'était moins de 40% !).

Le corps électoral lui-même n'est jamais identique d'une élection à une autre, pas plus que le contexte politique général. Les réactions de rejet systématique des majorités en place devraient ouvrir les yeux. Les dernières élections régionales et cantonales ont très probablement signifié que les électeurs souhaitaient des contre-pouvoirs. Les manifestations contre le CPE aussi.

Le cas du referendum, me semble-t-il, a été d'une tout autre nature avec un nouveau pas franchi vers la perturbation. Une redistribution des cartes est apparue que nous ne connaissions pas auparavant. Le "oui" a résulté de l'addition de votes de tous les bords, tout comme le "non" majoritaire s'est formé en piochant dans tous les partis. Les logiques habituelles internes aux partis ont volé en éclats.

A mon avis, ces fragmentations à géométrie instable préfigurent ce qui pourrait se passer les 22 avril et 6 mai prochains. C'est sans doute là que se trouve le secret de l'intérêt et de l'engouement que suscite cette élection présidentielle au caractère inédit.

En sortira-t-il un bien ou un mal ? Qu'en pensez-vous ?

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4 mars 2007

Raymond Barre, la mémoire abjecte

L'émission "Les Rendez-vous des politiques" de France Culture recevait jeudi 1er mars (émission enregistrée le 20 février) Raymond Barre pour son dernier livre. Dans sa présentation, le journaliste Raphaël Enthoven le compare à Mendès-France et à Camus. Bigre !

Tout de go, Barre déclare qu'il ne regrette pas d'avoir défendu le sinistre Papon, le qualifiant même de "grand commis de l'Etat". Selon lui, il a bien fait de ne pas démissionner sous l’Occupation afin "de limiter la casse". "On démissionne quand il s’agit d’un intérêt national majeur. Ce n’était pas le cas", a-t-il affirmé. Ah, bon ? Le procès n'a donc servi à rien ? Il n'a rien démontré ?

Quand on pense que Barre a été maire de Lyon, précisément là où la Résistance a eu à souffrir atrocement de la Gestapo (pauvre Jean Moulin), on se dit qu'il n'a pas de figure.

Rien à dire non plus sur Papon, préfet de police de Paris (la "Kommandantur" qui, de triste mémoire, a provoqué la mort de 9 personnes le 8 février 1962 lors d'une manifestation pour la paix en Algérie à Charonne) sous de Gaulle, puis ministre du budget sous Giscard dont Barre était le premier ministre ?

Interrogé aussi par les journalistes sur ses propos après l'attentat de la rue Copernic en 1980, qui évoquaient "l’attentat odieux qui voulait frapper les Israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents", Barre a nié qu’il s’agissait d’un lapsus. Il s’est dit victime "d’une campagne menée (à l’époque) par le lobby juif le plus lié à la gauche". "Le lobby juif est capable, pas seulement en ce qui me concerne, de mener des opérations indignes et je tiens à le dire publiquement", a-t-il asséné à la radio.

Enfin, il a estimé que "Gollnisch est un homme bien".

Je trouve cela abject sur toute la ligne.

4 mars 2007

Si la dissidence électorale augmente…

liberation

Libération a publié le 3 mars une interview de Dominique Reynié, spécialiste des grands mouvements de l'opinion publique. Interrogé par Christophe Forcari, il explique pourquoi, depuis quelques années, les électeurs refusent de voter ou choisissent le vote de perturbation, comme le fait le hacker informatique, pour bloquer le système.

Quelles sont les caractéristiques des dernières élections présidentielles ?

Probablement la combinaison d'un vote sanction systématique et de la montée de comportements électoraux critiques, dissidents. Les électeurs expriment à la fois leur mécontentement et donc sanctionnent la majorité sortante. A cette occasion, ils expriment à travers le vote une insatisfaction sur la manière dont fonctionnent la démocratie et la procédure électorale. Non seulement ils critiquent la façon dont les majorités gouvernent, mais aussi la manière dont elles sont désignées. La combinaison des deux me paraît caractéristique.

Comment se manifeste cette double critique ?

D'abord, dans la montée de l'abstention ; ensuite, dans la poussée des votes blancs ou nuls ; enfin, dans la progression du vote pour les partis extrémistes, tels le FN, le MNR, les partis trotskistes. En agrégeant ces trois types de votes, en les comptabilisant ensemble, je construis un indicateur électoral que je nomme la dissidence électorale. Ils traduisent, bien évidemment, des comportements tous différents les uns des autres mais qui présentent le point commun de traduire une relation critique avec à la fois la convention électorale et l'offre électorale. En 2002, le vote pour les extrêmes n'est plus seulement un vote protestataire mais un vote de perturbation qui a pour visée de bloquer le système. Comme si les électeurs se comportaient en hacker informatique. Un vote protestataire reste un vote d'opinion. L'électeur émet une opinion, il essaye alors de dire : «Je dis quelque chose. Ecoutez-moi !» Le vote de perturbation devient un vote actif. Il consiste à faire quelque chose pour planter le système. L'électeur suppose que même s'il prend la parole, il ne sera pas entendu.

Depuis quand les électeurs français sont-ils entrés en dissidence électorale ?

L'abstention au premier tour de la présidentielle augmente de façon notable en 1981 par rapport à 1974. L'abstention était liée à un très faible niveau d'éducation. Or celui-ci ne cesse de progresser et l'abstention croît toujours. Ce n'est pas contingent et répond à des raisons profondes qui expriment une méfiance à l'égard des changements du monde et de la société française. A partir de 1981, la France rentre dans un contexte historique marqué par les progrès du politique restrictif. Une certaine manière de gouverner en distribuant des ressources touche à son terme. Le système politique apparaît de moins en moins en capacité de répondre aux attentes, aux demandes des électeurs. Pour des raisons démographiques comme pour des raisons d'endettement croissant puis plus tard avec les critères de Maastricht, le personnel politique en France plonge dans une situation où les contraintes les rendent sinon sourds, du moins impuissants face aux revendications des électeurs. Ils ne peuvent plus répondre aux demandes de distribution de ressources. Un exemple, le désir de prendre sa retraite plus tôt, qui répond à une conception progressiste, n'est plus de mise. Aujourd'hui, les politiques disent non seulement que ce n'est plus possible mais qu'il va falloir travailler plus longtemps. Pour de nombreux électeurs, c'est au moment où les mécanismes de la sécurité sociale semblent particulièrement utiles, en raison des effets de la globalisation, que les gouvernants annoncent leur nécessaire révision, que ce n'est plus possible, qu'il va falloir tourner la page.

Les cohabitations successives ont-elles accentué ce phénomène de dissidence électorale ?

Je ferais l'hypothèse que oui. A partir de 1981, les Français ressentent ce changement d'époque et que, face aux nouveaux défis, les politiques ont de plus en plus de mal à répondre à leurs attentes. Les cohabitations agissent comme une variable institutionnelle favorisant la dissidence électorale. Un rendez-vous électoral sert à imputer clairement la responsabilité politique à l'un ou l'autre camp. Il faut qu'on puisse clairement savoir qui a la responsabilité politique de la situation. Or les cohabitations successives ont entretenu une confusion des responsabilités obérant la prise de décision électorale. Les électeurs finissent donc par envoyer le même signal aux partis de gouvernement sur le mode «on ne croit plus en vous». Soit alors l'électeur s'abstient, soit l'offre ne lui convient pas et il vote blanc, pratiquant alors une forme d'abstention civique. La prochaine élection ne se fera pas au sortir d'une cohabitation.

Cette configuration peut-elle atténuer la dissidence électorale ?

La précédente élection sans cohabitation remonte à 1981. En 2007, la situation pour les électeurs est claire. La droite gouverne et dispose de tous les leviers du pouvoir. Cet élément devrait favoriser la mobilisation en faveur de la gauche de gouvernement. Cela pourrait effectivement provoquer un reflux de la dissidence électorale. Le précédent du 21 avril 2002 peut également précipiter les citoyens vers les urnes pour éviter d'avoir à choisir au second tour entre la droite et l'extrême droite. C'est en tout cas le diagnostic qu'ont fait les deux grands partis de gouvernement. Pour ramener les électeurs vers les urnes et surtout pour les amener à voter pour eux, il y a une candidate socialiste désignée de manière ouverte et compétitive et, à l'UMP, un candidat contraint de faire des forums et de mettre en scène une forme de rénovation du parti. Les deux candidats représentent également une nouvelle génération. Cela peut aussi constituer une réponse à la dissidence électorale. Ils manient également volontiers une rhétorique populiste à même de réduire cette dissidence électorale en remettant régulièrement en cause le fonctionnement du système. Le discours sécuritaire de Sarkozy, la proposition du jury citoyen de Royal sont des exemples caractéristiques de cette forme de populisme. Mais François Bayrou surfe, lui aussi, sur cette vague quand il dénonce le complot médiatique et la collusion UMP-PS.

Mais ce populisme peut aussi avoir l'effet inverse et renforcer cette dissidence électorale...

Le risque est réel. La configuration de l'élection de 2007 est inédite, en termes de candidats, de générations, de registres de langage. Cette offre politique renouvelée peut constituer une réponse à la dissidence électorale, qui ne peut plus augmenter sans ébranler le système. Elle peut également sonner le triomphe de Jean-Marie Le Pen, accusé pendant des années de tenir un langage populiste et qui voit aujourd'hui les autres candidats s'aligner sur un registre comparable. Le niveau de séduction exercée par les idées de Le Pen se situe dans les eaux hautes de la période de cohabitation. Son premier succès, c'est 1988. Si en 2007, le vote Le Pen se maintient à un haut niveau, même s'il ne parvient pas au second tour, alors qu'il n'y a pas eu de cohabitation, il faudra penser que les causes du vote FN sont bien plus profondes. La dissidence électorale érode, au final, la légitimité du gagnant... En 2002, la dissidence représentait plus de 51 % des inscrits, contre 19,4 % en 1974... Les gagnants se partagent donc 49 % des suffrages. Au final, celui qui est élu n'a rassemblé que 10 % ou 15 % des inscrits au premier tour. 2002 n'est pas un accident. Déjà, lors des législatives de 1997, la dissidence électorale rassemblait plus de la moitié des inscrits, avec 52,4 %. Le record de dissidence électorale s'établit aux législatives de juin 2002 avec 55,8 % des inscrits. Donc après le 21 avril 2002, qui pouvait laisser supposer un sursaut électoral. Evidemment, dans la dissidence électorale, l'abstention domine. Mais, au premier tour de la présidentielle, l'abstention comptait pour le quart de la dissidence électorale en 1981 pour seulement un peu plus de la moitié en 2002. Ce qui fait que la dissidence électorale a augmenté depuis 1988 à chaque élection, c'est d'abord le vote pour l'extrême droite. C'est ensuite le vote pour l'extrême gauche, avec un record en 2002.

Si les électeurs jugent que le système politique n'est plus en mesure d'améliorer leur existence, ils se retirent du jeu, via l'abstention, ou en critiquent le fonctionnement, via le blanc ou les votes protestataires. Pour certains, c'est un renoncement. Les électeurs considèrent que le vote n'est pas en mesure de déterminer la politique appliquée au pays. La dissidence électorale constitue la première étape d'une crise plus grave. Elle ne constitue pas le stade suprême de la crise. Elle s'exprime au coeur d'un système régulé par l'élection avec une proportion croissante de scepticisme. Mais l'ensemble du système s'ordonne toujours autour de l'élection. L'étape suivante serait que cette dissidence s'exprime en dehors du champ électoral. Aujourd'hui, tout continue encore à se jouer autour de l'élection présidentielle, qui est mise en scène comme notre élection reine.

Qui sont ces dissidents ?

Ce n'est pas homogène. Le profil diffère suivant les types de dissidence. Le profil des dissidents qui votent pour l'extrême gauche est très différent du profil de ceux qui votent pour l'extrême droite. En terme de masse, abstentionnistes et électeurs d'extrême droite viennent avant tout des couches populaires. Ce sont les principaux pourvoyeurs de la dissidence électorale.

L'intégration dans l'Union européenne, qui donne l'impression que les décisions sont prises ailleurs, a-t-elle accéléré ce phénomène ?

Le discours sur la montée en puissance de l'Union européenne, perçue comme un pouvoir supranational sur lequel on agit peu, couplé au discours sur la globalisation, phénomène transnational sur lequel les électeurs ne peuvent peser, préoccupent les esprits depuis les années 90 avec Maastricht, l'effondrement du communisme et l'universalisation du marché. C'est un changement d'horizon radical, un nouvel arrière-plan extrêmement déterminant. Mais il faut se demander comment cela se passe dans les autres pays européens qui sont soumis aux mêmes contraintes. Certains connaissent les mêmes phénomènes de dissidence électorale avec la même force et parfois même plus encore. La Pologne est le pays le plus proche de la France et, de manière générale, toutes les anciennes démocraties populaires qui cumulent des taux d'abstentions élevés et un haut niveau de votes protestataires. Cela dit, avec les scores importants réalisés par le Vlaams Belang, la Belgique tomberait dans la dissidence s'il n'y avait pas dans ce pays le vote obligatoire. Mais la comparaison avec les autres pays européens est compliquée. Le système politique le plus exposé au scepticisme des électeurs constatant l'européanisation compliquée et la mondialisation inquiétante est celui où l'on prétend à la fin confier le pouvoir à une personne et une seule. Peut-être, aux yeux des électeurs, l'élection présidentielle pose-t-elle un problème spécifique dans notre nouveau monde.

Est-ce qu'elle ne porte pas une promesse invraisemblable ?

Elle demande à l'électeur de croire à la puissance providentielle. Aujourd'hui, cette croyance s'affaisse. L'électeur ne croit plus que sa vie puisse s'améliorer par la grâce d'un chef. A fortiori dans ce monde où émergent de nouvelles économies. Les citoyens n'imaginent pas qu'un homme, fut-il Président, sera en mesure de contrer ces phénomènes planétaires.

Quel est le stade ultime de la dissidence électorale ?

Lorsque la crise s'exprimera en dehors du champ politique conventionnel. Selon l'Insee, trois millions de personnes ne sont pas inscrites sur les listes électorales. Trois millions d'électeurs ne peuvent même pas être invités aux rendez-vous électoraux. C'est une masse énorme. Certaines estimations laissent même penser que ce chiffre pourrait être plus important. Ce n'est même plus du silence. Toutes ces personnes sont électoralement invisibles. Des jeunes, des ouvriers, des employés, des urbains, des hyperurbains appartiennent à cette foule des invisibles. Or l'inexistence civique concerne surtout les catégories qui ont le plus de problèmes. Du coup, leur non inscription réduit l'importance de leurs problèmes aux yeux des politiques. Leurs difficultés, leurs malaises apparaissent d'autant moins dans le champ politique que ces Français ne sont même pas membres du club électoral. La preuve, dans notre société suradministrée et passionnée de statistiques, on ne connaît même pas leur nombre !

Professeur à Sciences-Po, chercheur au Centre d'étude de la vie politique française, Dominique Reynié dirige également l'Observatoire européen des élections à la Fondation Robert-Schuman. Spécialiste des grands mouvements de l'opinion publique, il a notamment publié, en 2004, la "Fracture européenne. Naissance d'une opinion européenne" (éditions de la Table Ronde) et a dirigé un ouvrage collectif, "l'Extrême Gauche, moribonde ou renaissante ?" (PUF, collection "Quadrige").

3 mars 2007

Culture et confiture

culture_et_confitureBon, ce week-end, pas la peine de se prendre les méninges. La culture n'a rien à voir avec la confiture.

"La culture, c'est ce qu'on répond à l'homme quand il demande ce qu'il fait sur terre." André Malraux

3 mars 2007

BILAN 6 : La culture à Aix victime du coup du revolver

Culture

Une année Cézanne plein pot. Mais des pans entiers de l'action culturelle laissés en jachère. Voire liquidés dans ses ferments et ses outils. Est-ce une politique digne de ce nom ? La municipalité crie cocorico. La réalité est différente. Etat des lieux de la déconfiture…

A la fin des années 70, le maire d'alors, actuel directeur de cabinet de Mme Joissains, liquidait le "Relais culturel du Sud-Est", structure bouillonnante d'idées et d'initiatives, devenue en peu de temps un haut lieu de la création artistique et de l’intelligence. On découvre aujourd’hui comme un air de famille dans la politique culturelle suivie par la municipalité.

Depuis six ans, la ligne est plutôt brisée. Pas un seul, mais une demi-douzaine d'élus sont chargés du secteur culturel. Allez y comprendre quelque chose ! Bravo pour la cohérence. Ce ne sont pas quelques initiatives montées ici et là pour donner le change qui font une politique culturelle.

Pendant ce temps là, dans les quartiers, on se demande comment peut survivre "Class-Rock", un projet génial, des tarifs réduits pour les jeunes, des concerts et… des subventions qui ne suivent pas. Depuis six ans, les associations de musiques actuelles se battent pour faire reconnaître leur identité et leur savoir-faire en direction de la jeunesse.

Dans la même charrette, "Danse à Aix" disparaît, le Carnaval traditionnel est remplacé par un défilé de masques sans chars que le public boude et, cette année, il est prévu une nouvelle mouture qui a tout de l'arnaque. Exit aussi l’ex-cinéma du projet Sextius-Mirabeau, liquidé l'Office des fêtes et de la culture, disparues la MJC Bellegarde et l'éducation populaire.

Ah, mais tout n'est pas perdu pour tout le monde. Au Jas de Bouffan, le Centre européen de création et de développement culturel ramasse la mise et dispose d'un budget de plus d'1 M€. Cette année, les subventions sont en baisse. Il faut dire que, irrégularités et opacité étant devenues des habitudes, le CECDC a été épinglé sur son étrange fonctionnement.

Heureusement, il reste quelques projets de culture solidement implantés par Jean-François Picheral : Centre Chorégraphique National de Preljocaj, Théâtre du Jeu de Paume, Bibliothèque Méjanes, Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme, Archives Départementales, extension du musée Granet, programmation de la grande salle de spectacles et initiative de l’exposition Cézanne.

Mais attention, quel devenir pour l’Ecole supérieure d'Art et le Conservatoire de musique en termes de projets et de financements ? Que faire pour cacher cette détresse culturelle qui confine au désert en hiver ? Tout concentrer sur Cézanne et consacrer le budget d’un an de pratique culturelle à Aix pour une énorme manifestation qui a beaucoup plu certes aux touristes pendant trois mois ?

Privilégier une seule structure discutable au Jas de Bouffan monopolisant les subventions au détriment des petites associations ? Menacer les intermittents du spectacle et porter plainte contre ceux qui défendent les outils d'intérêt général ? Tout est à revoir.

Voilà un état des lieux qui devrait suffire à comprendre que la municipalité manie le revolver. Les Aixois auront à y réfléchir lors des prochaines échéances.

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2 mars 2007

Le "cas" Joissains : Ce qu'ils disent d'elle

La suite édifiante du dossier "Spécial Aix" publié par Le Nouvel Observateur en décembre 2004 (et non en 2005, comme je l'ai écrit par erreur lors du précédent article). La journaliste, Nathalie Funès, avait demandé à diverses personnalités de livrer leur opinion sur le "cas" Maryse Joissains. Florilège...

nouvelobs

Gérard Bramoullé, adjoint aux finances (UMP) : "C'est une superwoman."

Lucien-Alexandre Castronovo, conseiller municipal (PRG) : "Elle n'est pas à la tête d'une équipe politique mais d'un clan qui vit dans l'idée de revanche."

Jean Chorro, premier adjoint au maire (UMP) : "Elle n'a peur de rien, c'est une grande qualité pour un maire. Elle a toute ma loyauté : le pacte politique que nous avons signé ensemble au second tour des municipales est devenu un pacte d'amitié."

Henri Doglione, adjoint à l'urbanisme (UMP) : "C'est une acharnée, une obsédée, une pasionaria. Elle ne vit que pour la mairie."

Cyril di Méo, conseiller municipal (Verts) : "Elle n'a pas de contrôle, elle n'a pas de filtre, elle dit tout ce qui lui passe par la tête, elle est capable, au lendemain de l'attentat du World Trade Center, de pondre un communiqué sur notre civilisation qui est en danger. C'est délirant."

André Guinde, conseiller général (PS) : "Elle a la tchatche, comme on dit ici. Mais elle parle un peu tous azimuts et elle navigue à vue."

Un journaliste de "La Provence" : "C'est une hystéro à la méridionale. Un Tapie en jupons, mâtinée de Le Pen, sans l'imparfait du subjonctif, ça, c'est son mari. Elle scotche, elle a amené la "couillonnade" en politique."

Arinna Latz, conseillère municipale (Verts) : "Elle est totalement populiste. Comme Eva Perỏn, elle se fait appeler par son prénom, que l'on a vu inscrit en gros sur ses affiches de campagne électorale ou sur le site Internet de la mairie. Elle use et abuse du sentimentalisme au premier degré."

Alexandre Medvedowsky, conseiller général (PS) : "Elle est arrivée au pouvoir sans s'y être préparée, sans avoir de projet. Elle se contente aujourd'hui de faire de la politique politicienne, elle survole les dossiers, elle est incapable de mesurer l'ampleur de la dégradation de la vie des Aixois et d'y remédier."

François-Xavier de Peretti, adjoint privé de délégation (UDF), passé dans l'opposition : "Je trouve dommageable la façon dont ils utilisent un pouvoir qui ne leur appartient pas en totalité. Très vite après l'élection, les vieux démons sont revenus, avec une volonté d'accaparement du pouvoir et, surtout, de ses avantages, au profit d'un clan familial. Leur attitude envers les partenaires que nous étions, Jean Chorro et moi, a été de vouloir nous vassaliser. Ils ont assez bien réussi avec Chorro qui a été totalement domestiqué. Au bout de trois, je me demandais comment en sortir. Ils nous mènent à la catastrophe et, en plus, ils sont infréquentables. Aujourd'hui, je suis plutôt satisfait de ne pas partager leur bilan. Mon but n'est pas de nuire à cette majorité, elle le fait suffisamment elle-même."

2 mars 2007

Vidéosurveillance : Picheral dénonce aussi la farce

A son tour, Jean-François Picheral, sénateur PS, ancien maire d'Aix, dénonce la grosse farce de la vidéosurveillance concoctée par Maryse Joissains : mauvaise production, coûts exorbitants, pastiche de sécurité, scénario inefficace et manipulation du public.

Il encourage les Aixois à exiger, lors des élections municipales, des comptes sur la gestion stupide de ce dispositif inadapté. Ayant moi-même critiqué à plusieurs reprises ce choix inepte, je partage entièrement sa réaction. C'est bien volontiers que je la relaie ici.

La cosmétique électorale de Joissains…

"Neuf mois après en avoir adopté le principe, puis lancé un appel d’offres, le conseil municipal d’Aix-en-Provence a autorisé le 19 février le déploiement d’un système de vidéosurveillance qui comprendra au total 38 caméras, dont 30 pour le centre-ville, 2 pour l’avenue Henri-Mauriat et 6 pour le pôle d’activités de La Pioline. Il est précisé que "les images seront enregistrées et visionnées le lendemain par du personnel de la police municipale spécialement affecté à cette tâche". Le coût d’équipement et d’installation du système est de plus de 600 000 € TTC.

Encore une fois, la municipalité conduite par Maryse Joissains a fait tout faux et trompe les Aixois. Non seulement ces caméras ne vont pas couvrir les endroits où il y a le plus de délinquance à Aix mais, après de nombreuses années d’atermoiements et de gestion incompétente, Mme le Maire accouche, une fois de plus, d’une souris.

En effet, la vidéosurveillance du lendemain, celle qui consiste à enregistrer les images puis à les visionner en mode différé, ne sert qu’à faciliter les enquêtes menées après constat d’actes de délinquance sur la voie publique. Autrement dit, la police municipale est ainsi dégagée de toute responsabilité d’intervention en temps réel et peut dormir bien au chaud pendant que des voleurs attrapent les sacs de passants, des tagueurs laissent leurs sinistres signatures sur des façades ou portes d’immeubles, des dealers distribuent leur marchandise, des casseurs endommagent des voitures en stationnement et des femmes sont agressées le soir par des violeurs.

A qui servent donc en définitive les 38 caméras si l’on ne fait que constater les actes de délinquance ou de criminalité ? La réponse est à la fois claire et accablante : c’est de la pure cosmétique électorale, concoctée par Maryse Joissains avant les élections municipales de 2008. Ces dernières vont donner l’occasion aux Aixois de demander à la municipalité de rendre des comptes sur sa gestion de la sécurité dans sa zone de juridiction.

Investir une telle somme, sans compter le coût annuel d’entretien du matériel et celui du personnel de police municipale affecté à la vidéosurveillance, coûts sur lesquels la municipalité reste très discrète, c’est se moquer des électeurs quand le meilleur que l’on peut espérer obtenir, c’est d’identifier des délinquants et de les arrêter des semaines ou des mois après les faits.

Pour les connaisseurs de la vidéosurveillance, seule une surveillance en temps réel par du personnel capable de déclencher des interventions rapides sur le terrain et d’interpeller les délinquants pendant ou tout juste après leurs actes peut réduire le niveau d’insécurité sur la voie publique.

Si la méthode qui consiste à assurer une présence de personnel qualifié 24h/24 et 7j/7 devant les écrans de surveillance et à relier les postes de surveillance à des effectifs sur le terrain est évidemment plus coûteuse, surtout la nuit, que celle qui est associée à la vidéosurveillance en mode différé, elle présente au moins un avantage : son effet dissuasif est évident, sa productivité est réelle, ses résultats opérationnels sont garantis.

Si Maryse Joissains n’est pas capable de comprendre un raisonnement aussi simple, elle va devoir s’en expliquer. Surtout après la mise en place des 38 caméras quand les délinquants en auront pris acte pour agir autrement et ailleurs et que des constats d’actes de délinquance auront été effectués "le lendemain", en temps et argent perdus."

1 mars 2007

Procès perdu : Joissains doit rembourser les frais

J'ai demandé au maire, lors du conseil municipal de février, si elle comptait rembourser les frais occasionnés par son procès perdu contre Le Nouvel Observateur. Sa réponse n'en a pas été une. Elle a prétexté que je faisais des attaques personnelles, une façon de botter en touche. Je persiste à dire qu'elle a entraîné son équipe à l'autoriser à lancer une action en justice pour obtenir "réparation" d'une atteinte en son nom propre aux frais des Aixois. Nous l'avions mise en garde contre cette dérive. Le tribunal lui a récemment renvoyé le bâton. Voici le principal article du "Spécial Aix" de 12 pages publié en décembre 2005 par le magazine, qui n'a donc pas été condamné.

nouvelobs

Maryse Joissains est-elle à la hauteur ?

L’ascension de son mari, maire de la ville, avait été brisée net par une affaire d’abus de bien social. Vingt ans plus tard, elle – dans la lumière – et lui – dans l'ombre – sont revenus au pouvoir. Mais, entre l’inévitable rancœur qui a mûri deux décennies durant, la fusion-confusion familiale et la difficile gestion d’une ville dont la population a triplé en cinquante ans, Maryse Joissains-Masini a du mal à naviguer droit.

Le mari a pris l’habitude d’entrer sans frapper. Que madame soit seule assise derrière son bureau ou en compagnie d’un des plus gros notables de la ville, peu importe, le voilà qui surgit dans l’embrasure de la porte et se campe à côté de la photo géante du président Chirac. Après, c’est presque comme un rituel, elle le sermonne, histoire de ... : "Je t’ai déjà dit de ne pas entrer ainsi dans mon bureau quand je suis en rendez-vous". Lui prend l’air las du boss dont le petit personnel aurait des velléités d’insoumission. Il repart au bout de cinq minutes de chamailleries. Et cela dure comme ça depuis trois ans et demi.

A Aix-en-Provence, 25e ville de France, la mairie, c’est d’abord une histoire de famille. Avec, donc, Maryse Joissains-Masini, 62 ans, député-maire UMP, très brune dans sa jeunesse, très blonde aujourd’hui, croix scintillante qui jure avec le décolleté, Alain, le mari, 62 ans lui aussi, qui occupe le bureau juste à côté en tant que directeur de cabinet, indice de salaire 1272, le plus élevé de tout l’Hôtel de ville, Sophie, la fille, 35 ans, installée, elle, à quelques pâtés de maison de là, comme chef de cabinet à la Communauté d’agglomération du Pays d’Aix, dont maman est présidente. Et, le chien, Cendrillon, bâtard beigeâtre, trouvé errant un soir de Noël à Paris, et qui, désormais, garde le bureau du premier magistrat de la ville. "C’est sûr, il n’est pas très standing, mais vous savez, ce n’était pas dans mon plan de carrière de devenir maire". Un plan de carrière ? Bien mieux que ça.

En mars 2001, personne n’aurait misé un copeck sur la victoire de la dame. Il y avait trois listes de droite en compétition et tous les sondages étaient formels : c’est le maire sortant, Jean-François Picheral, sénateur socialiste et médecin radiologue de son état, qui allait remporter les élections. Mais voilà, au 2e tour, les trois listes de droite ont fusionné, le candidat du Front National s’est désisté et Maryse Joissains a raflé 50,61% des voix à la surprise générale. Certes, le tout a donné une "équipe hétéroclite, faite de bric et de broc, et plutôt de broc" (dixit André Guinde, conseiller général PS) et l’unité a fait long feu (l’UDF François-Xavier de Peretti, une des trois têtes de liste, intronisé troisième adjoint, s’est assez vite vu retirer sa délégation). Mais le lendemain, lorsqu’elle réunit, pour la première fois son conseil municipal, dans la salle des Etats de Provence, au premier étage de l’Hôtel de ville, Maryse Joissains, juste avant d’envoyer l’air de la Marseillaise, peut résumer ainsi sa victoire : "Cette place, je l’ai payée par le sang".

Beaucoup d’Aixois (20 000 nouveaux arrivants en vingt ans) ne savent même pas alors de quoi elle parle. Mais parmi les 55 élus, tout le monde a bien évidemment en tête ce qu’on appelle, ici, l’affaire Joissains. Le couple l’a racontée à sa façon, en 1995, dans un livre écrit à quatre mains et baptisé "Sang et or" : "Depuis l’élection de François Mitterrand (...), nous n’étions plus dans un Etat de droit (...). Tout était possible, y compris la condamnation d’innocents pour justifier des stratégies".

Cela se passait au début des années 80. A l’époque, ce n’était pas Maryse qui était maire d’Aix-en-Provence, mais Alain. Il avait tout juste 40 ans. Fils d’un résistant du réseau Alliance, mousse dans sa jeunesse, engagé volontaire en Algérie à 17 ans, docker sur le port de Toulon pour payer sa capacité en droit, avocat inscrit au barreau d’Aix, jeune loup du Parti radical, un temps même attaché au cabinet de Jean-Jacques Servan-Schreiber, éphémère ministre de la Réforme sous Giscard...

L’ascension du maire d’Aix est brisée net un jour de janvier 1983, par un article du "Canard Enchaîné" où il est écrit noir sur blanc qu’il a fait construire une villa à son beau-père, Roger Charton, grâce aux fonds destinés au CES Saint-Eutrope, sur les hauteurs de Saint-Antonin-sur-Bayon, à quelques centaines de mètres de la propriété de Gaston Defferre. Alain Joissains sera finalement condamné en appel à deux ans d’emprisonnement avec sursis et 150 000 francs d’amende pour complicité de recel d’abus de biens sociaux. Le père de Maryse se tirera une balle dans la tête. Adieu le pouvoir et la gloire, adieu la mairie, adieu aussi le barreau d’Aix-en-Provence, jamais réintégré par Joissains...

"La famille a vécu pendant vingt ans en rongeant son frein et avec une soif de revanche formidable, indique un opposant. Ils ont cru un moment pouvoir encore tirer les ficelles en faisant élire, à la mairie, au printemps 1983, un homme "à eux" : Jean-Pierre de Peretti della Rocca, un type un peu fada qui disait voir la Vierge et faisait entonner le "Coupo Santo", l’hymne provençal, en Conseil municipal. Mais "Judas", comme le couple l’a rebaptisé dans son livre, les a vite reniés et a même retiré à Maryse sa délégation de première adjointe. Ils ont été bafoués, meurtris, humiliés... "Alors, vous imaginez bien que lorsqu’ils sont revenus, par le plus grand des hasards, aux commandes de la ville, rien ne pouvait se passer de manière totalement sereine et professionnelle".

Maryse Joissains, elle-même, le reconnaît : "Oui, c’est une revanche d’être assise là aujourd’hui". Elle vous reçoit à la bonne franquette, dans son bureau au premier étage de l’Hôtel de Ville, qu’elle a fait repeindre de couleurs vives et où elle a installé le drapeau provençal, en plus du français et de l’européen. Elle vient se poser sur une petite chaise tout près de vous, en laissant vide son fauteuil de maire de l’autre côté du bureau ("c’est plus convivial"), le buste penché en avant, les mains posées sur les genoux, le gros mot toujours au bout de la langue... Maryse Joissains n’a pas été élevée cours Mirabeau, mais cours Lafayette, à Toulon.

Fille unique de militants communistes et sans le sous – son père a même été garde du corps occasionnel de Maurice Thorez –, c’est grâce à une bourse qu’elle a pu décrocher une capacité en droit et devenir plus tard avocate des parties civiles dans le procès du sang contaminé, mais elle a "gardé (son) franc-parler", comme elle dit. "En tant que femme politique, elle est complètement iconoclaste, reconnaît un journaliste de "La Provence". C’est un personnage à la Pagnol, une Madame sans gêne qui aurait pu être cantinière sous Napoléon, qui souhaite la bonne année à Jean-Louis Debré quand elle intervient à l’Assemblée, balance du "t’es couillon" au ministre de la Justice, Dominique Perben, et dit "je prends le taureau à bras le corps"... ".

Il y a eu aussi la fois, en décembre 2003, où elle a déclaré à "La Provence" : "Tout ça, ce sont des manœuvres de petits morpions qui me mordent les fesses". Les morpions en question : les quinze élus de l’opposition de gauche, mais aussi de droite, dont l’UDF François-Xavier de Peretti, qui venaient de réclamer une mission d’information sur le personnel municipal, après plusieurs vagues d’embauches jugées non nécessaires (150-200 personnes seraient concernées) et à des frais de personnel atteignant désormais le chiffre record de 56% du budget de fonctionnement. Le maire était rentrée ce jour là dans une colère noire et avait dit niet à la mission.

Parce que les coups de sang de Maryse Joissains-Masini font désormais partie de l’ordinaire du conseil municipal. Hurlements, insultes, micros coupés... "On baigne dans le chaos le plus total, soupire Cyril Di Meo, conseiller municipal et communautaire vert. Elle confond opposant et ennemi, elle ne supporte pas la contradiction et part tout de suite au quart de tour. Dès que l’un d’entre eux émet une critique ou pose une question qui la dérange, elle le traite d’incompétent et d’irresponsable. Et c’est la même chose avec le personnel de la mairie : on est avec elle ou contre elle".

Sans oublier, en coulisses, Alain Joissains – au côté duquel, sur le plan de la suspicion, Maryse serait une enfant de cœur – qui fait monter la moutarde. C’est lui qui se charge, dit-on, de constituer des dossiers sur les agents municipaux et d’intimider ceux qui ne marchent pas au pas. Lors d’une réunion de préparation pour la mise en place des conseils de quartier, qui a été plus que laborieuse, le suspicieux mari aurait même dit à un élu : "Tu ne veux pas qu’en plus du fusil, je te donne les cartouches ?".

Bref, depuis le retour du couple, l’ambiance est plutôt tendue dans les couloirs. La liste de ceux qui ont été poussés vers la sortie s’allonge de jour en jour : le directeur des ressources humaines, la directrice de l’Association des crèches de la ville, le directeur adjoint de l’Aupa (l’Agence d’urbanisme du Pays d’Aix), le directeur de la culture, plusieurs responsables du Centre communal d’action sociale... Et on a compté pas moins de cinq directeurs généraux successifs en trois ans à la tête de l’OPAC Pays d’Aix Habitat. C’est d’ailleurs ce que fustige un rapport de la Mission interministérielle d’inspection du logement social (MILOS) de décembre 2003, qui pointe aussi, entre autres dysfonctionnements, les "anomalies et irrégularités" dans les dossiers d’attribution de logements (absence d’avis d’imposition, situation familiale non précisée... ) et les "multiples interventions" de la mairie dans l’octroi d’appartements comme dans la gestion du personnel "qui portent une atteinte grave aux modalités de fonctionnement". Avec, en annexes, une poignée de lettres signées du maire et qui réclament ni plus ni moins que l’embauche de Mr X pour le poste de contrôleur de gestion ou celle de Mme Y pour s’occuper des réclamation des locataires.

"La gestion de la ville a été confisquée par un clan familial, résume François-Xavier de Peretti. Maryse Joissains a fait beaucoup de promesses pendant sa campagne électorale qu’elle n’a finalement pas tenues, comme la gratuité des transports collectifs. La plupart des grands projets en cours, le Centre Chorégraphique National, la nouvelle salle de spectacle, la rénovation du Musée Granet, les constructions immobilières de Sextius-Mirabeau et de la Duranne datent de l’ancienne équipe municipale. Tandis que les problèmes qui obèrent gravement l’avenir de la ville, dont la population a triplé en un demi-siècle, comme celui du logement ou des transports ne sont pas pris à bras-le-corps. Tout cela témoigne quand même de beaucoup d’amateurisme". Quand il ne s’agit pas carrément de libertés avec la législation. C’est ainsi que le sous-préfet a demandé à l’équipe municipale de présenter à nouveau, au printemps dernier, le compte administratif 2003 qui, lors du précédent vote, ne contenait ni les bilans de l’Opac, ni ceux du Centre Hospitalier des trois dernières années. Il a aussi réclamé que la mairie revoie sa copie sur la question du régime indemnitaire des agents titulaires et stagiaires, adopté en juillet, et dont certains points (notamment les primes hors critères légaux) étaient en contradiction avec le statut de la fonction publique territoriale.

"Le problème, résume un journaliste local, c’est que Maryse Joissains est coincée de partout, comme on dit ici. Elle n’est pas reconnue par le monde politique, elle n’est pas acceptée par la bourgeoisie aixoise, elle ne dispose pas d’une majorité solide au sein de son conseil municipal et ne gouverne qu’avec une poignée de fidèles, son mari, Jean Chorro, Gérard Bramoullé, Henri Doglione, elle est de plus en plus en plus isolée à la Communauté d’agglomération où les petites communes lui reprochent de pomper les finances au profit de sa ville et doit en plus se coltiner un conseil général et un conseil régional de gauche. Du coup, on peut vraiment se demander si elle ne va pas exploser en vol."

Côté opposition, on commence effectivement à croiser les doigts au fur et à mesure que se rapprochent les municipales de 2007. Le socialiste Michel Pezet, ancien dauphin de Gaston Defferre, a même commencé à tester ici et là sa candidature. Il faut dire qu’aux dernières cantonales, en mars, la droite s’est pris une sévère raclée. Le socialiste André Guinde, conseiller général sortant (du canton Aix-en-Provence Sud-Ouest), a battu à plates coutures Stéphane Salord, deuxième adjoint et candidat officiel de la mairie. Idem pour Alexandre Medvedowsky, ancien adjoint de Jean-François Picheral, le précédent maire, qui se représentait, lui, dans le canton de Peyrolles, situé sur la Communauté d’agglomération. De mémoire d’Aixois, c’était la première fois depuis 1978 que la gauche remportait des élections dans le coin sans triangulaire.

Comment Maryse Joissains-Masini a-t-elle réagi ? Elle s’était déjà fait remarquer, dans le passé, par ses "perles" ultra-droitières : elle avait ainsi porté plainte contre X au moment du conflit des intermittents et de l’annulation du Festival international d’art lyrique, rédigé une loi qui mettait les demandeurs d’emplois et les RMIstes à disposition des communes pour des travaux d’intérêt général et co-signé une autre pour le rétablissement de la peine de mort dans les cas d’actes de terrorisme. Ce qui avait fait se dresser les cheveux de plus d’un Aixois... Mieux encore, cette fois, au lendemain des cantonales, elle aura ce mot dans la Provence : "Je constate que la droite est majoritaire si l’on englobe les voies du Front National". On dit, ici, que c’est son mari qui lui sert de professeur en politique...

Nathalie Funès

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