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le Blog de Lucien-Alex@ndre CASTRONOVO
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  • Prof d'anglais retraité Sous-officier Armée de l'Air Président assos culture, éducation, social 1978-1989 Correspondant presse locale 1989-1995 Conseiller municipal liste Yves Kleniec 1983-1989 Adjoint liste Jean-François Picheral 1995-2001 Parti radical de gauche 1998-2008 Conseiller municipal liste Michel Pezet 2001-2009 Conseiller municipal liste Edouard Baldo 2014-2020 lucalexcas@aol.com
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31 janvier 2007

Christiane Taubira, le respect de la République

Taubira_livreChristiane Taubira ne déçoit jamais, ni par son art oratoire, ni par son écriture. L'ouvrage qu'elle vient de publier porte sa signature comme une griffe. Son histoire, son parcours et sa pensée sont des repères qui touchent à l'universel. C'est une femme politique hors du commun, à l’origine de la loi du 10 mai 2001 qui reconnaît la traite négrière et l’esclavage comme crimes contre l’humanité. Comme un étendard, elle met en avant les valeurs fondatrices de la République. Grâce à sa vaste culture et à sa profonde réflexion, grâce à sa rage et à son enthousiasme, elle livre ici le meilleur d'elle-même. Ses propos sans langue de bois et sans concession font chaud au cœur et redonnent du sens à la politique. Fulgurant. (Editions La Découverte, 2007)

Pour mettre en appétit, en voici quelques pépites.

** Le libre-arbitre : "Sur son destin, au moment où l'on décide ce que l'on fait de ce que l'on est, en cette occurrence, la souveraineté est pleine et entière." […] "J'ai choisi de l'empoigner, de ne laisser nulle circonstance ni personne me la dérober, même la grignoter." […] "Les siècles ne naissent pas de l'arithmétique des almanachs humains. Ainsi en est-il de l'être qui ne naît pas à l'instant de sa naissance."

** L'existence visible des différences : "Cette évidence suffit-elle, en dépit de ce que nous enseigne la science, pour laisser trôner le mot race dans la Constitution française ?" […] "La question de la différence n'est pas biologique, elle est politique et elle ne saurait être traitée sans un préalable éthique et philosophique."

** La Terre : "Ayant grandi et parcouru le monde, j'ai compris que chaque coin de terre est la Terre et que c'est partout qu'il faut la faire éclore."

** La gauche : "C'est ainsi que, longtemps, je me suis prévenue contre la gauche. Mais bien qu'elle soit de plus en plus exaspérante, de moins en moins conquérante, de plus en plus bavarde, de moins en moins généreuse, la gauche reste cette famille de pensée dont on peut, dont on doit attendre qu'elle préfère la solidarité à l'égoïsme, la justice à la compétition, le lien social à la méfiance."

** La politique : "Oui, j'aime la politique, celle qui pousse à se mêler de la vie de la cité, à hauteur du village autant que de la planète, celle qui fait chevaucher l'espoir avec l'entêtement des laboureurs à contre-saison." […] "Avec son principe d'égalité, son utopie d'indivision, son postulat démocratique, la République, cette façon bien imparfaite mais tellement séduisante de faire société, reste le lieu de ce devenir."

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30 janvier 2007

De quoi écharper le maire

EcharpeeJe préfère prévenir. Je récuse par avance toute critique pouvant me traiter d'esprit pointilleux ou mesquin. On va vite comprendre où je veux en venir. Peut-être même vais-je faire œuvre utile. Dagobert mettait quelque chose à l'envers. Cela se savait mais ne se voyait pas. Après tout, il n'était que roi, le pauvre homme.

Et voilà que, parcourant La Provence du jour, je remarque une photo au demeurant anodine. Pourtant, il y a un double hic. Dans le cadre de la cérémonie d'état civil rapportée dans cet article, Mme le maire fait dans l'erreur. Et cela se voit ! On peut ne pas s'en apercevoir au premier coup d'œil. Mais à y regarder de plus près, on découvre que son écharpe pose problème ! Expliquons-nous.

Si le sens, de l'épaule droite à la hanche gauche est respecté, en revanche, il a longtemps été de tradition, et c'est maintenant la loi, que l'écharpe se porte 'le bleu au col". Sur la photo, on peut aisément voir que le rouge touche le cou. C'est une bévue.

Seconde étrangeté, des élus ne peuvent porter l'écharpe que pour suppléer le maire. L'écharpe n'est pas un objet de décoration, c'est le symbole d'une fonction. Or, que voit-on ? Deux élues de la même municipalité arborent le ruban en présence du maire !

Pour compléter ce petit tour d'horizon, j'avais fait observer dès le début du mandat que des conseillers nouvellement élus – sans doute réjouis de leur statut – avaient placé une cocarde tricolore bien visible sur le pare-brise de leurs véhicules. Cela est interdit par loi. Seuls les députés ont ce droit ! Tout insigne est proscrit même pour le maire ! Avoir eu l'exemple d'un mari maire et avoir été élue comme première adjointe de 1983 à 1989 et en tant que maire depuis 2001 ne l'ont semble-t-il pas aidé à progresser. Faut se dépêcher, le mandat finit dans un an...

Petites notes d'instruction civique

L'écharpe tricolore est le seul signe distinctif de l'autorité municipale ; celle du maire est frangée d'or, celle des adjoints d'argent. Avant 1830, l'écharpe se portait à la ceinture ; depuis, le port de l'épaule droite au côté gauche a été autorisé.

L'ordre des couleurs ne faisait pas l'objet de textes spécifiques, mais la définition du drapeau : "bleu, blanc, rouge, à partir de la hampe" fait qu'il était logique de porter l'écharpe avec le bleu dirigé vers le haut.

Le maire doit la ceindre pour effectuer un acte public bien que son défaut n'entraîne pas la nullité de l'acte ; il est tenu de porter l'écharpe pour faire appel à la force publique (disperser un rassemblement, par exemple). Sans écharpe, il ne peut faire encourir aucune sanction, sauf s'il est prouvé que le récalcitrant connaissait ses fonctions...

Le décret du 22 novembre 1951 a institué un insigne, à usage facultatif, sur un fond d'émail bleu, blanc et rouge, avec "Maire" sur le blanc et "RF" sur le bleu, entouré de 2 rameaux de sinople, d'olivier à dextre et de chêne à senestre, le tout brochant sur un faisceau de licteur d'argent sommé d'une tête de coq d'or bardée et crêtée de gueules. Il ne peut être porté par le maire que dans l'exercice de ses fonctions. Il ne dispense pas du port de l'écharpe lorsque celui-ci est prescrit. Par la loi du 13 septembre 1989, les maires n'ont pas l'usage de la cocarde sur le pare-brise.

Plus récemment, le décret n° 2000-1250 du 18 décembre 2000 modifiant l'article D. 2122-4 du code général des collectivités territoriales précise : "Les adjoints portent l'écharpe tricolore avec glands à franges d'argent dans l'exercice de leurs fonctions d'officier d'état civil et d'officier de police judiciaire, et lorsqu'ils remplacent ou représentent le maire en application des articles L. 2122-17 et L. 2122-18. Les conseillers municipaux portent l'écharpe tricolore avec glands à franges d'argent lorsqu'ils remplacent le maire en application de l'article L. 2122-17 ou lorsqu'ils sont conduits à célébrer des mariages par délégation du maire dans les conditions fixées par l'article L. 2122-18. L'écharpe tricolore peut se porter soit en ceinture soit de l'épaule droite au côté gauche. Lorsqu'elle est portée en ceinture, l'ordre des couleurs fait figurer le bleu en haut. Lorsqu'elle est portée en écharpe, l'ordre des couleurs fait figurer le bleu près du col, par différenciation avec les parlementaires."

29 janvier 2007

Vœux : les couteaux sont tirés, il faut les planter

Janvier s'achève et les vœux aussi. Dommage, serais-je tenté de dire. Car on en a vu et entendu des toutes les couleurs. Surtout au sein de la municipalité.

Le maire, à qui je n'ai rien demandé et en mon absence volontaire à son show, m'a placé sur la liste de ceux qui méritaient une bonne note pour le travail accompli. Je ne sais pas si c'est un clin d'œil pour me pousser à encore moins la ménager que d'habitude. Mais si c'était le cas, cela relèverait presque de la gourmandise.

Et puis, me rapporte-t-on, dans sa longue litanie de noms – faut-il être dans le besoin de soutien pour encenser ainsi – elle a rayé celui du candidat Genzana qui n'est plus en cour. Il a pris ses distances, paraît-il. Enfin disons qu'il ne va pas jusqu'à démissionner pour assumer totalement sa dissidence. Il a organisé sa propre cérémonie quelques jours avant. Et, à la conférence de presse sur la prochaine saison du Festival, il n'a pas eu droit à la prise de parole traditionnelle du délégué hors pair qu'il est. A franchement parler, ses discours sirupeux n'ont pas dû manquer à grand monde tant ils sont convenus.

Salord, a lui aussi fait vœux à part, j'allais dire vin à part, car il a convié ses invités à un buffet campagnard dans une propriété viticole. Serait-il pris d'une griserie du pouvoir ? Je n'en serais qu'à demi surpris. Plantard, lui, voit plus grand et investit le centre de congrès ! Une occasion sans doute pour en plus dire qu'au conseil municipal où nul ne connaît vraiment le son de sa voix.

Je passe sur la rude offensive lancée par de Peretti le soir même des vœux du maire. Une concurrence loyale qui en a régalé plus d'un, raconte-t-on. Vivement janvier prochain pour le lancer des couteaux, seconds ou pas.

28 janvier 2007

La culture accessible à tous ? Le débat est ouvert

Aix_en_live

Aix en live

Mais que veulent-ils ? Vendredi et samedi, un regroupement d'associations œuvrant dans les musiques actuelles a tenu une réunion à la salle du Bois de l'Aune au Jas de Bouffan. Un collectif s'est mis en place sous le nom de "Aix en live" afin d'avoir plus d"impact. Leur revendication ? Etre respectées, écoutées et surtout entendues par les politiques.

Y aurait-il problème ? Oui, assurément.

Elles manquent de lieux de proximité pour donner libre cours à leurs activités. Les financements jouent du yoyo. Une année, elles reçoivent des aides, une autre, on les leur retire. Elles doivent donc s'adapter aux sautes d'humeur de la municipalité. Elles estiment qu'en ne les prenant pas assez en considération, qu'en ne respectant pas les bénévoles, les artistes amateurs ou professionnels et les publics, la culture à Aix est à double vitesse.

Elles dénoncent alors la disproportion des moyens accordés aux grandes institutions et les dépenses pharaoniques pour les gros équipements. A l'inverse, les responsables de ces associations doivent se contenter de la portion congrue alors que, font-ils remarquer, chaque année ils touchent un public aussi nombreux. Ils considèrent qu'ils jouent un rôle important auprès des jeunes. Le constat est on ne peut plus clair.

Samedi après-midi, ils ont invité les élus et les partis politiques à venir réfléchir ensemble et à en discuter avec eux à partir de questions qui leur avaient été adressées. Nous étions huit de gauche et un seul de droite, Salord, adjoint à la vie culturelle d'Aix. Inutile d'en rajouter, d'autant qu'au bout d'une heure quelques-uns sont partis et surtout le seul élu qui pouvait agir sans tarder auprès de la mairie. Nous n'étions plus que deux élus présents. On ne peut donc pas donner tort à la critique des associations sur le manque de considération à leur égard.

Le débat a cependant eu lieu. Les échanges ont duré quatre heures et ils ont été fructueux. L'état des lieux a bien montré que tout est dans tout, les thèmes ne pouvant être traités indépendamment les uns des autres. C'est pourquoi poser la question des politiques publiques en direction de la jeunesse renvoie à l'éducation, la formation, l'emploi, l'accès à la culture, la citoyenneté, l'épanouissement des individus, tous ingrédients constitutifs du "vivre ensemble".

L'idée est de donner de la cohérence à une démarche qui prenne en compte la globalité des enjeux. A l'évidence, l'intérêt porté par le public présent encourage les organisateurs qui ont programmé une autre réunion fin mars.

Le collectif Aix en live www.aixenlive.com est composé de :

Aix Qui ? www.classrock.com 

Café-Musiques La Fonderie www.fonderie-aix.com

L'EMA / MJC Prévert

Comparses et Sons,

Musical Riot www.musicalriot.org

27 janvier 2007

Contre le mal au crâne

socrateCette fin de semaine, creusons-nous le crâne pour voir un peu s'il n'y reste pas encore de la force.

"Il est impossible que le mal disparaisse, disait Socrate. Oui, mais il faut empêcher son triomphe." Edgar Morin

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27 janvier 2007

SDF : Le maire d'Aix devient la honte de la France

manif_de_soutien

Aix-en-Provence, place de la Rotonde, vendredi après-midi. Malgré le froid, 200 personnes de tous âges, avec une majorité de jeunes, ont participé pendant une heure et demie au rassemblement de soutien aux SDF qui campent depuis plus d'un mois devant l'office de tourisme.

L'appel a été lancé par une quinzaine d'organisations, avec l'accord des sans-abri, sous la bannière des Enfants de Don Quichotte. Un cortège s'est formé avec des banderoles. On pouvait notamment lire : "Une ville qui refuse le dialogue est contre des humains qui sont à terre", "Arrêtons de déplacer les problèmes", "Une table ronde ??!!!??".

J'ai pu observer sur place que les choses se passent dans le calme. Pas de cris, pas de slogans, pas de musique. Escortés par de nombreux policiers, nous avons parcouru le cours Mirabeau pour nous rendre au palais de justice puis à l'hôtel de ville où nous avons fait des haltes.

Indignation, colère, incompréhension sont les sentiments les plus exprimés par les personnes présentes, toutes venues pour témoigner leur solidarité et soutenir la lutte des laissés-pour-compte, abandonnés par la société qui, pourtant, n'est pas avare de bons sentiments.

Pendant ce temps-là, une information courait dans les rangs des manifestants. Le maire se trouvait à une célébration à la cathédrale à la mémoire de l'abbé Pierre. Alors que le problème est criant, sous nos propres yeux, Mme Joissains persiste dans son refus de traiter la situation de manière digne et humaine.

Elle n'a donné aucune suite à une demande de médiation qui pourrait examiner sereinement toutes les hypothèses. Aix est la seule ville de France à agir ainsi. C'est une honte et un scandale.

Treize tentes se trouvent toujours installées au cœur de la ville. Le maire a osé aller en justice pour obtenir leur expulsion. Le tribunal a débouté le maire qui a aussitôt fait appel de la décision. Les SDF demandent une table ronde pour essayer de trouver des solutions durables.

Le texte de l'appel d'Aix

NON À L'EXPULSION DES ENFANTS DE DON QUICHOTTE

Après la mobilisation sur tout le territoire national des Enfants de Don Quichotte, le gouvernement a été obligé de réagir positivement. Il a promis l'instauration d'un droit au logement opposable.

Dans l'immédiat, les tentes des sans-abri sont enlevées du domaine public, mais seulement à chaque fois qu'une solution de relogement durable est retrouvée.

Malheureusement, la municipalité d'Aix-en-Provence n'a pas du tout l'intention de respecter les engagements nationaux. Bien au contraire, elle a pris le parti du déni de droit et de la répression.

Mardi 16 janvier 2007, sa demande d'expulsion des Don Quichotte aixois qui campent devant l'office de tourisme a été rejetée par le Tribunal de Grande Instance d'Aix-en-Provence.

Malgré cela, la commune d'Aix s'entête dans sa politique antisociale et a fait appel de cette décision de justice.

Madame Joissains, après avoir refusé toute médiation, n'envisage aucune solution de relogement. Elle ne veut rien faire contre la misère. Elle veut simplement la cacher à la population.

Les signataires estiment cette attitude parfaitement scandaleuse et refusent qu'Aix-en-Provence soit la ville de France championne de l'exclusion.

* Signataires :

Aix Solidarité, AEMA, ASTI d’Aix, ATTAC Pays d’Aix, ATMF, Cimade, CLCV du Pays d’Aix, DAL du Pays d'Aix, FSU Aix, LCR, LDH Aix, PCF Aix, Partit Occitan, PRG Aix, Verts Aix, PS Aix, SUD Education

* Elus municipaux présents :

Cyril di Méo (Verts), Lucien-Alexandre Castronovo (Parti Radical de Gauche)

26 janvier 2007

Sans vouloir vous offusquer, Nicolas Sarkozy

LogoLeMondeJ'ai aimé cet article dans Le Monde du 19 janvier, signé Pierre-Louis Basse, écrivain, auteur de "Guy Môquet, une enfance fusillée" (Stock, 2000). Dense, bien ciselé, il remet en place l'imposteur Sarkozy, usurpateur de l'Histoire…

Cher Nicolas Sarkozy, c'est un joli message que vous avez tenu à nous envoyer depuis la porte de Versailles. Je dis "nous" pour désigner ma famille, voyez-vous, une famille qui se situe plutôt à gauche, depuis plusieurs décennies. Il faut dire que la politique ne déteste pas ce genre de tournants. Je comprends cela. On s'échauffe un peu, on s'emballe, l'air du temps vous pousse à prendre quelques risques verbaux – aidés en cela par des intellectuels touchés eux aussi par votre charisme – et hop ! le temps d'un meeting, c'est toute l'histoire de notre pays que vous parvenez à ramasser dans votre manche. Bien joué président. Très fort.

Hier, Doc Gynéco, le vide et la frime, Pascal Sevran, et ce soir, Jaurès... Hugo... Mandel... La tête me tourne. C'est fou n'est-ce pas, ce que la société du spectacle peut avoir comme talents. Tous ces noms. Ces visages marqués au coin de la générosité. Le don de soi. Jusqu'à ce jeune homme de 17 ans, Guy Môquet (Le Monde du 16 janvier), fusillé évanoui, le 22 octobre 1941, avec 26 autres de ses camarades, tandis qu'un soleil d'hiver cinglait le camp de Choisel à Châteaubriant. Je n'en crois pas mes yeux. Franchement, je trouve que TF1 a été trop court dimanche soir. A force de culpabiliser, d'imaginer qu'ils en font trop pour vous dans la campagne, ils ont manqué l'essentiel. "J'ai changé", dites-vous, avec de vrais trémolos dans la voix. Ça n'est plus un changement, cher Nicolas Sarkozy, c'est une révolution. Certes, une révolution "de palais". Mais une révolution tout de même !

Votre discours, je l'ai entièrement relu. C'est important la relecture. En creux, il y a tout de même ces petites habitudes. Ces tics qui reviennent, tapis dans l'ombre et rabattent légèrement le caquet du lyrisme. D'abord, l'empathie et la mémoire : "Ma France... Ceux qui croient au ciel et ceux qui n'y croient pas... Celle des travailleurs qui ont cru à Jaurès et à Blum..." Ne manquaient plus à l'appel que Louise Michel, Gabriel Péri ou Georges Politzer. Mon dieu, que fait la gauche ? Sur le coup, j'ai cru à une lecture publique de l'Aragon du Roman inachevé. Presque du Jean Ferrat dans le texte.

Grâce à vous, cher Nicolas Sarkozy, une fin de l'histoire est revisitée. Tous ces grands chênes, debout, derrière vous seul ! Une République des justes. Et puis j'ai fini par réagir. On se pince. Vous savez, comme lorsque nous sortons d'un étrange sommeil. Cette sieste assassine qui nous fait perdre le nord. Plus loin en effet, j'ai bien lu : "Cette gauche immobile qui ne respecte plus le travail... Cette République virtuelle qui veut donner un diplôme à tout le monde..."

Alors, j'ai fini par remonter à ma propre surface. J'avoue que j'ai rêvé le temps d'un verbatim... Je me suis brusquement rappelé ce que me confiait mon grand-père, évadé de Châteaubriant avec Auguste Delaune, un mois après la fusillade, repris, déporté à Mauthausen, et copain de votre nouveau héros, le jeune Guy Môquet : "En 1936, me disait Pierre, tu sais, la droite française, dont une partie non négligeable épousera la collaboration, les fameux capitulards, traitait le ministre Léo Lagrange, créateur des colonies de vacances, de ministre de la paresse..."

Et là, voyez-vous, tout est remonté. Tout, je vous assure. Un courant revenu de loin. J'avoue. Je me suis laissé porter par la vague de ma mémoire de gauche. Les premiers congés payés ; La Baule pour les prolos, un salaire digne pour le travail des femmes, et, plus tard, les accords de Grenelle au printemps 1968 ; le smic, revalorisé, dès 1981, l'abolition de la peine de mort. Une sorte d'inventaire. Tout cela, cher Nicolas Sarkozy, obtenu grâce à des luttes. Des avancées, comme on disait à la maison, jamais offertes. Toujours conquises. Je dois dire aussi, sans vouloir vous offusquer, m'être brutalement rappelé votre difficulté en direct, à commenter la mort du dictateur chilien, Augusto Pinochet. Votre silence m'est apparu assourdissant. Les crimes de droite, impulsés directement par l'administration américaine de l'époque, ne vaudraient-ils pas ceux de gauche ?

Vous aurez noté ma bienveillance à ne pas souligner vos propos malheureux sur cette banlieue où je vis et qui méritait d'autres égards que le simple vocable de "Kärcher". Cette banlieue d'où partirent, cher président, tant de jeunes résistants, armée des ombres de la première heure, dans les brumes de la porte de la Chapelle, Aubervilliers ou St-Ouen. Impossible, n'est-ce pas, dans un tel cortège, d'oublier ces figures étrangères au visage glabre et noir de barbe mal rasée, que déjà l'on stigmatisait sur ces affiches rouges placardées sur les murs de Paris... Missac Manouchian, le tourneur arménien des usines Citroën, Rino Della Negra, le footballeur du Red Star, Joseph Boczov, Stanislas Kubacki, Marcel Rayman... tous fusillés le 21 février 1944 au mont Valérien.

"Le courage, écrivez-vous, consiste à surmonter sa peur..." Oserais-je vous rappeler qu'en plusieurs décennies Neuilly, votre premier grand bastion politique, a presque ignoré le logement social ? C'est ce qu'il y a de terrible dans les familles politiques, cher Nicolas Sarkozy : elles résistent au temps. Et au spectacle. J'aime assez cette phrase de François Mauriac, au soir de sa vie, lorsqu'il évoque la répartition des rôles dans le soulèvement contre l'envahisseur. Une période dont vous avez fait la matrice de votre discours, porte de Versailles : "La classe ouvrière française, dans ses profondeurs, est seule à être restée fidèle à la patrie profanée." Il serait temps que la gauche s'en souvienne.

25 janvier 2007

Certains oiseaux vont devoir replier leur zèle

chiffonniers

A vrai dire, depuis lundi, je me sentais un peu chiffonné. J'avais pressenti ce qui allait se passer. Dans un billet, j'avais parlé de ceux qui se jettent "comme des vautours sur la misère." Et, surprise, ce mercredi, deux journaux s'y sont mis aussi. Et comme il faut !

D'abord, bien sûr, Le Canard enchaîné qui n'en rate pas une. Des moments de vérité comme celui-là, cela ne se boude pas. Il faut sans doute comprendre que les personnages caricaturés ici sont pris comme des symboles pour tous ceux qui ont eu tendance à se comporter de la sorte. L'article qui suit le dessin remet d'ailleurs à l'heure pas mal d'horloges déréglées avec le temps et le froid. Il y en a un peu pour tout le monde mais surtout pour ceux qui auraient eu la mémoire courte et l'hypocrisie durable.

Et puis, dans La Provence, un piquant édito intitulé "Récup" d'Hervé Vaudoit qui a fait barrage à "un torrent de réactions attristées parmi les élus du Pays d'Aix" en ne publiant pas leurs communiqués très émus. En quelques mots, il rappelle aux uns et aux autres qu'il ne faut quand même pas pousser quand on n'a pas construit assez de logements sociaux, qu'on a refusé les aires d'accueil pour les gens du voyage ou qu'on a fait appel aux juges pour expulser les SDF.

C'est bien fait, c'est bien envoyé, ce n'est que mérité. Je connais quelques oiseaux qui vont devoir replier leur zèle. Alors, restons lucides et guettons le ciel un peu moins encombré depuis hier.

25 janvier 2007

BILAN 4 : le document pas vraiment social de la mairie

Bilan_socialLe grand public ne s'en doute guère mais l'analyse d'un tel document permet de comprendre la façon dont une équipe municipale gère un budget. Après trois reports, le bilan social 2005 accompagné d'une synthèse sur cinq ans du fonctionnement du personnel municipal a enfin pu être discuté au conseil municipal.

Il s'agit certes d'un rapport technique mais aussi à caractère politique et, à tout le moins, faisant l'objet d'une politique. C'est un sujet sensible car il concerne des personnes. Mais je suis resté dans le domaine des résultats et des choix faits par la mairie.

En fait, le débat a été introduit par le directeur des ressources humaines au nom du maire, déléguée au personnel. Il en a mieux valu ainsi, le maire étant loin de connaître tous les détails de la situation, c'est peu de le dire.

Deux mises au point concernant les agents précaires ont été nécessaires pour lever l'amalgame habituel qu'elle entretient mensongèrement sur les chiffres. Depuis le début du mandat, le maire prétend qu'elle a trouvé 500 agents en emplois aidés. Les documents disent clairement qu'il s'agit de 409 personnes en 2000. Avec les recrutements de l'actuelle équipe (d'ailleurs avec des contrats encore plus précaires), le total est monté à 428 en 2001. Ensuite, au sujet de l'intégration progressive au sein du personnel, ce n'est pas un exploit, nous l'aurions fait nous-mêmes si nous avions été majoritaires.

Sur les autres aspects, parmi les points à retenir, à périmètre constant, en incluant tous les personnels transférés à la CPA (Services incendie, collecte ordures ménagères, piscines, musées), en 2005, les chiffres des effectifs sont quasiment identiques à ceux de 2000. Cela veut dire qu'il n'y a pas eu baisse de la pression sur le fonctionnement. En effet, l'écart entre 2000 et 2005 pour les effectifs de la Ville stricto sensu (tous statuts) est de - 310 (2479 à 2169) alors que les transferts cumulés à la CPA sont de 425.

A ce propos, pour que l'analyse globale soit réellement pertinente, un autre débat aurait mérité de s'instaurer sur le coût des transferts et sur les recrutements opérés par la CPA qui induisent des dépenses supérieures aux transferts (1 transfert équivaut à payer 1,5 emploi). Ce sont là des observations de la Cour des comptes.

Pour ce qui est de l'évolution de la masse salariale, deux pourcentages sont à comparer. En 2000, les dépenses en personnel représentaient 50,36% du budget. En 2005, elles sont de 54,22% et seront de 54,72% en 2007. Il y a donc dégradation.

Pour les heures supplémentaires, si leur réduction est un point positif, on constate des disparités par services.

Au sujet de la formation des personnels, pour 2005, le nombre de journées, en baisse par rapport à 2004, est de 7806 (pour un coût de 754 654,82€). 27% du volume ont été assurées par des organismes extérieurs soit 40% de la dépense. J'ai insisté sur l'effort important à faire pour les catégories C dont les besoins sont plus grands.

J'ai également interrogé le maire sur les déperditions observées dans les journées réellement suivies par rapport aux demandes validées. Environ 35% des formations n'ont pas lieu sans que jamais la question n'ait été posée ! Il y a manifestement mauvaise appréciation des quantités et mauvaise adéquation avec le budget nécessaire. En fait, cela veut dire qu'il y a sûrement de l'argent non utilisé. J'ai aussi souhaité que le conseil municipal puisse disposer de la liste des actions menées et des organismes extérieurs et privés qui assurent des formations.

Enfin, les nouvelles méthodes d'évaluation et de notation ne font pas l'unanimité des personnels, certains trouvant le système inéquitable et trop subjectif et partial.

Pour les accidents de travail, la moyenne aixoise est supérieure à la moyenne nationale. Un effort important sera à faire pour y remédier.

En conclusion, j'ai rappelé que j'ai contesté le nouveau régime indemnitaire institué en 2004 notamment à propos du principe du traitement d'égalité des agents et sur des critères objectifs et qu'il est toujours au Tribunal administratif.

J'ai regretté que le bilan ne présente pas de perspectives sur 5 ans au moins. Cela aurait eu entre autres pour avantage de programmer des dépenses, de répondre à l'évolution des métiers, à la mobilité interne, à l'accès à la promotion sociale, d'assurer la qualification du plus grand nombre et d'obtenir plus de performance et donc de services rendus au public.

Malgré ce débat, le maire persiste à se déclarer satisfaite de son bilan ! Ce n'est pas l'avis de beaucoup de personnels...

24 janvier 2007

En rire pour ne pas en pleurer…

Voeux_maire

Bonna année à toussa, surtout bonna santé, c'est ça qui compta le plussa.

Ah ! Les belles cérémonies de vœux ! Le monde est beau, c'est grâce à moi. Certes, tout n'est pas parfait, il reste encore beaucoup à faire. Vous avez vu mon bilan ? Eh bien, vous pouvez compter sur moi pour faire le boulot.

Et hop, vite le buffet, sinon ce ne serait pas des vœux ! Après avoir bu les paroles, allons trinquer à l'avenir radieux. Bon, admettons que cela plaise, chacun fait comme il veut.

Pourtant, me reviennent en mémoire quelques bribes d'annonces parmi beaucoup d'autres qui devaient changer la face d'Aix.

La tour rouge de Sextius : pas belle, je vais la faire repeindre aux couleurs de la Provence. Toujours écarlate, la tour !

Le Museum d'Histoire naturelle : pas bien là, je vais le délocaliser à Châteauneuf-le-rouge pour en faire un Museum des sciences. Toujours à sa place, le museum, on attendra le siècle prochain peut-être !

Le siège de la CPA : pas pratique l'actuel, je vais en construire un autre grandiose. Toujours dans les cartons, le projet, il n'y a plus d'argent.

Le grand jardin de la Rotonde : pas de verdure à cet endroit, je vais vous faire un parc dont vous me direz des nouvelles. Toujours du béton autour des arbres. Quoi, ça ne vous plaît pas ?

L'habitat social : pas assez à Aix, je vais vous donner des appartements, moi. Toujours le grand néant, le logement, vous croyez que j'ai une baguette magique ou quoi ?

Le thermalisme : pas fini, je vais vous en trouver de l'eau, il n'y a qu'à creuser. Toujours en panne sèche, les sources, le temps que l'eau coule sous les ponts.

La population : y a déjà assez de monde à Aix, je ne veux pas d'une ville qui grandisse trop. Toujours croissante, la démographie, je n'y suis pour rien, les gens viennent s'installer sans que je puisse contrôler quoi que ce soit. Ne vous fichez pas de ma pomme en plus.

Bon, j'arrête là pour aujourd'hui. J'ai un point de côté. Je ne sais pas si c'est parce que je me retiens d'en rire ou d'en pleurer… Meilleurs vœux à tous, on n'y pense plus, on regardera ça de plus près l'année prochaine.

Ah, j'allais oublier. Les sans-abri : pas bien ces gens-là, je vais les faire expulser en moins de deux. Toujours sous les tentes, les miséreux, ils ont franchi le cap de l'année et moi j'ai perdu au tribunal, je ne suis pas avocate et maire pour rien quand même.

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