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le Blog de Lucien-Alex@ndre CASTRONOVO
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16 décembre 2006

BILAN 3 : Les farces de sécurité de l'UMP

s_curit_C'est maintenant devenu chronique. Depuis de trop longs mois, des événements de plus en plus graves se répètent à Aix comme en France. Le sujet est sérieux. Il ne peut suffire d'occuper les écrans de télévision ou de faire des annonces au coup par coup. Cette méthode stérile et dangereuse pour notre démocratie est celle de Nicolas Sarkozy et de Maryse Joissains.

Leurs lois – une bonne dizaine en quatre ans, la dernière allant jusqu'à conférer un rôle de shérif aux maires des communes de plus de 10 000 habitants ! – n'ont toujours pas répondu au problème, sinon notre pays serait le plus sûr du monde. Cela se saurait. On peut même affirmer que le ministre de l'intérieur en joue. Ses provocations permanentes et démagogiques enveniment le débat.

Il stigmatise et attaque tout le monde. Les jeunes sont des délinquants, ils ne méritent qu'un CPE. Les enfants doivent aller en prison. Les fonctionnaires ne sont que des privilégiés. Les chômeurs sont tous des feignants. Les grévistes deviennent des preneurs d'otages. Les banlieusards sont assimilés à de la racaille qu'il faut éradiquer au karcher. Et comme si cela n'était pas assez, il profère des insultes à l'encontre des magistrats.

Dans la foulée, il essaie de se faire passer pour celui qui va éteindre le feu. Quant au maire d'Aix, elle botte en touche en direction de l'Etat alors qu'elle n'a cessé de soutenir la politique néfaste du gouvernement.

Faisons un point de situation

Braquages, cambriolages, vols, agressions, attaques violentes, révoltes urbaines et autres turpitudes, rien ne manque. Cette recrudescence est grosse de danger. Les Français sont inquiets. Les Aixois aussi. Ils craignent pour leur sécurité. On ne peut donc que déplorer le triste spectacle de l'inefficacité du ministre et du maire dans un domaine où ils s'étaient auto déclarés les champions...

Pour bien faire, à Aix, la Police Nationale, qui essaie tant bien que mal de faire face aux difficultés, a perdu 60 agents en l'espace de trois ans. Les derniers actes commis dans notre ville, sans parler du département, atteignent des sommets. Les chiffres "officiels" ne peuvent plus masquer la réalité. Les gens se fichent des pourcentages. Ils ne perçoivent que le danger.

Le maire prétend que c'est "une polémique entretenue à dessein dans un climat d'exploitation politicienne". On pourrait facilement lui retourner le compliment au vu de l'exploitation éhontée qu'elle et le ministre en ont fait aux élections municipales en 2001 et aux élections nationales en 2002. Quelle que soit la période où se déroulent des actes de délinquance, le maire use du même argument, "un contexte peu favorable", qui reposerait sur des cas d'exception. Autrement dit, "je n'y suis pour rien, c'est la faute à pas de chance."

Les nouveaux actes perpétrés tout au long de l'année s'inscrivent de fait dans un processus malheureusement durable. Les Aixois peuvent s'en rendre compte. Rien n'a été inventé, inutile d'insinuer ou de faire croire le contraire.

"J'ai toujours été sécuritaire"

Il y a 20 ans, la Ville d'Aix s'était dotée d'un Conseil communal de prévention de la délinquance. Il réunissait tous les partenaires concernés par les problèmes de sécurité en s'efforçant d'apporter des réponses concrètes. Dans la dernière décennie, il avait notamment créé la Maison du droit et de la justice, un outil efficace qui vient d'être agrandi.

En 1998, l'Etat a institué le Contrat local de sécurité. Notre Ville a été la première signataire d'un tel engagement en présence du ministre de l'intérieur de l'époque. Jusqu'en 2001, le CLS existait et fonctionnait. En 2002, il est devenu le Conseil local de sécurité et de la prévention de la délinquance. Avec pour objectifs de réfléchir, proposer, coordonner et agir intelligemment.

Or, si le CLSPD d'Aix a bien été créé et voté à l'unanimité en février 2003, il n'a pas été réuni avant février 2004 ! A cette unique réunion plénière, des engagements ont été pris en présence du Procureur, du sous-préfet, du commissaire de police, de l'inspecteur d'académie, des élus, des collectivités locales partenaires, des fonctionnaires, des personnalités qualifiées et des associations. Mais, en dehors de la tenue de quatre groupes de travail en mai 2004 auxquels d'ailleurs aucun élu de la majorité n'a participé (un comble, les deux seuls présents étaient membres de l'opposition !), nous n'avons plus rien vu.

Pourtant, répétons-le, on avait cru comprendre que la lutte contre la délinquance était l'axe prioritaire du gouvernement. Quant au maire, elle a beau proclamer, après chaque événement sérieux, qu'elle vient "d'envoyer une lettre au ministre de l'intérieur", rien n'y fait. "J'ai toujours été sécuritaire", proclame-t-elle lorsqu'on lui reproche ses envolées. Malheureusement, sa parole est devenue inaudible par ceux-là mêmes qu'elle soutient.

Caméras ou projet global ?

Alors, pourquoi pratiquer l'incantation, agiter les bras et continuer à faire croire qu'on va "terrasser" la délinquance ? Pourquoi avoir, en reniement de la loi et des engagements, rendu cette belle idée de CLSPD opaque et inopérante ? La municipalité doit impérativement faire fonctionner les instances relevant de sa compétence. Elle doit aussi accroître l'aide apportée aux structures spécialisées.

Certes les effectifs de la police municipale ont été renforcés. Elle fait très bien son travail mais on ne peut recruter sans cesse et se substituer à l'Etat qui doit donc prendre ses responsabilités. Ce ne sont pas les annonces de renforts de circonstance de forces de la police nationale qui compenseront ni les pertes, ni les nouveaux besoins. Quant aux 38 améras de vidéosurveillance envisagées pour le centre ville et une zone commerciale, ce qui aura pour effet de déplacer les risques vers d'autres secteurs, elles n'auront pour fonction que d'enregistrer les actes éventuels qui ne seront décryptés que… le lendemain ! Comme dans un film de série B.

Tout cela n'est qu'un bout du problème. Lutter contre le chômage, permettre de se loger, activer une politique sociale, éducative et citoyenne, remettre des services publics au cœur de la vie des quartiers aixois sont autant d'éléments efficaces qui peuvent concourir au sentiment de bien-être et de sécurité. Cela s'appelle un projet cohérent et pragmatique bâti avec des moyens humains et financiers.

Urgence pour la République

Personne ne se réjouit de l'aggravation de l'insécurité à Aix et du tour chaque jour plus dramatique que prennent les délits en constante augmentation commis contre les biens et les personnes, dans les rues, dans les commerces, à tout instant de la vie quotidienne. Personne n'est à l'abri, les policiers eux-mêmes ou les pompiers en sont aussi les victimes !

Les faits s'accumulent. Ils créent un sentiment de malaise encore plus fort, notamment chez les plus vulnérables de nos concitoyens en centre ville et dans l'ensemble des quartiers aixois. Face à l'urgence, les gesticulations verbales ne peuvent plus faire illusion. La situation appelle un ressaisissement et des efforts à la hauteur du problème. Nul ne niera que la répression soit utile pour la sécurité publique mais elle doit nécessairement s'accompagner d'une démarche de prévention.

Il faut rétablir la police de proximité, non pas une police de confrontation mais une police démocratique, réconciliée et insérée dans la population et à son service. Il faut aussi rétablir l'aide aux associations locales. Va-t-on y répondre enfin de manière sérieuse et efficace ? C'est le prix à payer pour garantir à tous et à chacun le droit à la sécurité que leur reconnaît la République.

Deux déclarations à propos de la dernière loi

Jacques Beaume, procureur de la République à Marseille : "En matière de délinquance, neuf actes sur dix font l'objet d'une réponse pénale. Quand on nous taxe d'impunité, vous le voyez, c'est le contraire."

Jean-Pierre Rosenczveig, président du tribunal pour enfants de Bobigny: "Cela nous ramène, non pas en 1945, ni même en 1912, mais en 1906, lorsque la majorité pénale était encore à seize ans. La grande idée de 1912 a été d'introduire le temps du travail social au sein de la justice, dans le but, bien sûr de punir un délinquant, mais surtout de le transformer et de faire en sorte qu'il ne soit plus un délinquant demain. Quant à l'ordonnance de 1945, ce qui fait sa pertinence et son actualité, c'est qu'elle comprend que, si le même jeune réitère les mêmes délits, il faut s'attaquer à ce qui vicie cette période de sa vie. La justice des mineurs tient compte du fait que l'enfance est une période longue. Normalement, on juge les mineurs sur leurs actes, sur ce qu'ils étaient avant leurs actes et sur ce qu'ils sont devenus. Si maintenant le gamin, dès qu'il arrive, est jugé sur ce qu'il a fait, sur ce qu'il était, mais jamais sur ce qu'il est devenu, on ne prend plus le temps de le transformer."

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